Publié 08 juill. 2024
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Le Mékong prend sa source au Tibet, traverse six pays – la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam –, pour se jeter en mer de Chine après s'être disséminé en branches, en canaux et en arroyos, qui forment un monde où il fait doux vivre et que l’on aime à explorer : à l’extrême sud du Vietnam, le delta du Mékong.
Mère des eaux, mère des rivières, fleuve tumultueux, rivière aux millions d’éléphants, grand fleuve… Partout où coule le Mékong, l’un des plus grands fleuves du monde, les habitants de ses rives le rebaptisent d’un surnom évocateur – au Vietnam, il est le « fleuve aux neuf dragons », ou « le dragon aux neuf queues », en référence aux neuf branches du delta qui se jettent en mer de Chine. Tel un organisme vivant, le Mékong est en perpétuelle évolution : des bras morts se comblent, des embouchures s’ensablent, des îles se propagent. Et plus il se rapproche de la mer, plus le grand fleuve charrie la vie. Il est le fleuve nourricier, qui irrigue les rizières et amende les terres maraîchères. À l’extrême sud du Vietnam, formé par les alluvions et les sédiments du fleuve, le delta du Mékong, inextricable dédale de canaux, d’arroyos et d’îles, est une terre prodigue, la plus fertile du pays. C’est là que sont cultivés plus de la moitié de la production rizicole – on fait jusqu’à trois récoltes par an du précieux grain, d’où le surnom de « Grenier à riz du Vietnam » attribué à la région – et les trois quarts de la production fruitière du pays. Arroyos et canaux qui s’enchevêtrent, vergers abondants où prospèrent pamplemoussiers et cocotiers, rizières étincelantes, forêts de mangroves et palmeraies : le rieur delta du Mékong est tout entier vert chlorophylle.
Michael Roberts / Getty Images
Dans le delta, le fleuve s’insinue sous les maisons sur pilotis qui forment des villages flottants, il se déploie sous les racines des palétuviers ; et les grandes feuilles des palmiers et des fougères arbustives se courbent pour lui faire la révérence. Les rizières sont cernées par les potagers et les vergers, et par les fleurs des bougainvilliers. Avec ses vingt millions d'habitants qui vivent au rythme du fleuve, de ses crues et de ses marées, le delta du Mékong est la région la plus peuplée du Vietnam. Les gens du delta habitent de hautes maisons sur pilotis posées sur le fleuve, ou sur les îles, de jolies maisons en bois cernées de jardins. Ils pêchent, ils commercent, ils s’affairent sur les berges du fleuve. Dans le delta, 25 000 km de voie d’eau sont navigables, soit dix fois plus que les routes terrestres. Les arroyos ont leurs stations essence, leurs épiceries et leurs ateliers. Et parfois une église catholique, qui semble flotter sur les eaux. À Cai Rang, à Can Tho ou à Tra On, le fleuve fait office de place centrale pour de splendides marchés flottants. Depuis toujours, les bateaux traditionnels en bois, les tac rans, taillés en forme de fuseaux, servent au transport de marchandises. Au marché en gros de Tra On, les maraîchers hissent au mât de leur embarcation une patate douce, un ananas, un régime de bananes ou une pastèque, pour que les acheteurs puissent identifier leur marchandise. Vendeurs et clients s’approchent et se hèlent. Sur les embarcations légères, barges noires aux yeux rouges – des grands yeux peints sur l'avant du bateau pour faire peur aux crocodiles… et pour éloigner les mauvais esprits –, on transporte une abondance de poissons d’eau douce, de crabes des champs, de crevettes, de la volaille, des fruits : ananas, goyaves, mangues, ramboutans, durians, fruits de la passion, fruits du dragon, bananes, pommes cannelle, caramboles, noix de coco. Jamais autre part a-t-on vu une telle abondance, jamais ailleurs a-t-on ressenti une telle impression de prodigalité. Poissons vivants, tiges de lotus, mollusques et fruits de mer : le marché terrestre est tout aussi bien achalandé.
Morgan Le Gall
« Jamais de ma vie entière, je ne reverrai des fleuves aussi beaux que ceux-là, aussi grands, aussi sauvages, le Mékong et ses bras qui descendent vers les océans, ces territoires d’eau. » écrivait Marguerite Duras dans L’Amant. Dans le delta, on rejoint en bac un îlot sur un des bras du fleuve et l’on pose nos valises dans une maison de bois sur pilotis face à un bel étang aux nénuphars, où l’on passe une nuit enchantée, bercée par le halo des bougies de l’autel aux ancêtres installé dans la pièce contiguë par les propriétaires. On pourrait aller jusqu’à Sa Dec voir la jolie maison chinoise de l’Amant de Marguerite. Mais on peut aussi se laisser aller à la paresse et s’abandonner à la langueur. Le fleuve impose son rythme nonchalant, et l’eau apaise. Le temps s’écoule tranquillement, entre une balade à vélo à travers les vergers et une sieste bercée par le balancement du hamac. On se régale d’une salade de liserons d’eau, d’un gâteau de riz aux fèves de haricots rouges et d’un thé glacé. On flâne dans les jardins, on cueille les fruits à même les arbres dans les vergers. On embarque sur le fleuve pour une navigation douce, la barque glisse sur l’eau mordorée. Des tapis de jacinthe d’eau dérivent au gré du courant. De là, on observe la vie des villages. Les images se succèdent : une maison flottante, une forêt de palétuviers, l’envol d’oiseaux inconnus. On croise un chargement d’écoliers en uniformes bleus qui rentrent de l’école à bord d’un sampan, sur les rives sont postés des pêcheurs qui lancent leurs filets ; plus loin des femmes qui cultivent leurs jardins, un paysan qui soigne son bœuf, des enfants qui sautent dans l’eau en riant. La vie est douce dans le delta du Mékong ! On se souviendra longtemps de ses paysages entre ciel et eau, de son atmosphère de terre des confins et de sa nature prolifique.
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Gemma Cagnacci
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