Iles

Mots doux sur le motu

Mots doux sur le motu

C’est un cliché auquel on cède volontiers : une plage de rêve, un bungalow pieds dans l’eau, la caresse du vent dans les palmes, rien que toi, moi, nous… Petite balade des îles d’hiver où il fait bon s’aimer. 

 

Le speed boat file sur une mer menthe à l’eau. Défilé de plages sauvages frangées de cocotiers jusqu’au ponton de ce petit paradis accessible uniquement par la mer. Un iguane et une tortue montrent le chemin de la plage sur laquelle dix bungalows se fondent dans la végétation. Sous le toit de chaume, des moustiquaires remplacent les cloisons et assurent une ventilation naturelle, de grandes tentures préservant l’intimité des Robinsons. Une seule question se pose : va-t-on d’abord barboter dans sa piscine privée, se faire masser à l’ombre d’un palmier, s’essayer au stand-up paddle ou simplement plonger avec les dauphins dans l’une des eaux les plus limpides de la planète ? Un délicieux supplice infligé par les Îles Extérieures des Bahamas dont on s’acquitte volontiers à deux. Ce cadre voué à l’idylle se répète des Caraïbes à la Polynésie et de nouveaux îlots de romantisme émergent à chaque saison. Toujours le même script : une île reculée (l’arrivée par la mer est une belle préface à la romance) ; souvent privée, afin de nourrir le sentiment d’exclusivité ; et dotée de cocons où s’épanouissent luxe et volupté. Objectif largement avoué : combler les sens. Cultiver la beauté à 360°, en surface et sous l’eau, le bruit du silence, le goût des saveurs raffinés, le parfum de l’air marin et des jardins luxuriants, la douceur des matières et celle des massages… en duo.

Harbour Island

ZX Visual/Getty Images/iStockphoto


Son cocon sous les cocos

 

Une fois le décor naturel planté sous les cocotiers, les tourtereaux s’intéressent au nid, de préférence douillet. Car s’il est déjà bon de s’aimer sous les tropiques, le luxe n’enlève rien à l’affaire. Sur Noonu, aux Maldives, le Cheval Blanc défend admirablement cette idée. Au bout du ponton, 45 villas de rêve blanc se partagent neuf hectares de bonheur 5 étoiles. L’architecture contemporaine de bardeaux blancs épouse le toit de chaume et les charpentes locales en bambou mais les propulse 8 mètres au-dessus du lit. Une ambiance loft tropical où le marbre et le quartz habillent une salle de bain aux airs de salon et le granit noir tapisse la piscine privée débordant sur une plage, elle aussi privée. Sol en terrazzo, mur en écailles de cuivre imitant les poissons du lagon, mobilier sur-mesure en noyer et bronze, teintes taupes et écrues relevées de touche acidulées : une symphonie orchestrée par le belge Jean-Michel Gathy, qui compte parmi les architectes redessinant les lignes du paradis de l’hôtellerie.

Mer des maldives

Andreas Hub/LAIF-REA

Autre destination, autre diamant : Saint-Barth et l’Eden Rock. Trônant sur son rocher, ce bijou de modernité sert le grand jeu aux couples un brin bling-bling : suites personnalisées, villa Rockstar avec studio d’enregistrement, cristal Baccarat, salle de bain Starck, boutique de mode et galerie d’art, de quoi épater ! À l’inverse certains préféreront un romantisme patiné d’histoire. Et là encore, les Caraïbes ont beaucoup à offrir. Notamment l’île privée de Mustique, dans l’archipel des Grenadines, où la Cotton House, demeure coloniale du XVIIIe, laisse encore planer l’esprit british : haute charpente de bois exotiques, parquets anciens en acajou, meubles marins et coton blanc d’Égypte. Une idylle tranquille comparée à la Jamaïque et l’atmosphère fifties du Jamaica Inn. Là, sur la terrasse et sous les étoiles, les passionnels trinquent au daïquiri, à la manière de Marilyn et d’Arthur Miller qui célébrèrent ici leurs (courtes) noces.

 

 

Vivons cachés, vivons chouchoutés

 

La volonté de s’intégrer à l’environnement souvent fragile des îles reste une priorité dans la conception des lieux et un plaisir pour les adeptes du « pour vivre heureux, vivons cachés ». Ainsi sur l’île de Praslin, aux Seychelles, le Lemuria Resort suspend ses suites entre les blocs de granit rose et les feuilles de lataniers. Le plus bel exemple d’intégration réussie restant sans doute au Sri Lanka l’œuvre de Geoffrey Bawa, grand magicien disparu, chez qui les murs s’effacent sous la végétation, les intérieurs s’ouvrent aux singes et aux oiseaux. L’île Émeraude est d’ailleurs une belle destination pour célébrer une romance naturelle. Des nuits sous la tente au cœur d’une plantation de thé (comprenez un bivouac chic à l’esprit british) aux bungalows fondus dans la jungle bordant la baie de Trincomalee. Bercés par les seuls bruits du ressac et de la forêt. Un luxe qui ne se compte pas en carat mais reste cher aux voyages amoureux : la tranquillité. Ainsi l’oasis est généralement de petite capacité, parfois réservée à une clientèle adulte, et privilégie l’espace. Des chambres – entendez villas, suites juniors, bungalows duplex — qui flirtent régulièrement avec les 100 m2 (230 m2 minimum au Zighy Bay d’Oman… ambiance : chéri, es-tu là ?) Le tout bordé de services ultra-personnalisés, assurés par des anges-gardiens (au Cheval Blanc ils sont même  « alchimistes ») capable de réaliser tous les caprices. Autre maître mot de l’idylle des îles : le bien-être. Décliné à l’infini, du menu d’oreillers au spa. Ainsi, après une balade main dans la main face aux requins, une séance de yoga de reiki ou de méditation sur la plage, un saut en parachute : on rejoint l’îlot détente. Au menu : naturopathie, ayurvéda, acupressure et bien sûr, massages en duo. À l’Aloe vera, à la citronnelle, au café vert ou au clair de lune. Après les papouilles, les papilles sont soignées aux saveurs étoilées. Fusion corps et âme, tête-à-tête sur la plage, rencontres créatives d’îles et de grands chefs. De quoi, si ce n’était déjà fait, tomber sous le charme.

Zighy Bay d’Oman

Jérôme Galland