Etats-Unis

Les clichés américains

Les clichés américains

Nous croyons tout connaître de l’Amérique… Tant d’images, tant d’histoires… Autant de clichés ? Et si, derrière les poncifs, l’impression de déjà vu, la réalité n’était pas plus belle encore ?

Venice par Zoé Fidji

©Zoé Fidji

Et si nous étions capables, devant la nature et les hommes, de nous émouvoir encore ?... La liste est longue. Et nous avons chacun la nôtre. Notre rêve US vivant. Certifie 60’s, 70’s, etc… Difficile d’y échapper. Ces images ont imprégné nos adolescences. Vues et revues, cent fois, mille fois, qu’importent au fond…

Statue de la liberté dans la brume

© Stefan Bungert/LAIF-REA

Le charme opère toujours… Une addiction soft dont on ne guérirait jamais vraiment. Il a suffi, jadis, d’une paire de jeans, d’un paquet de cigarettes, d’un riff de guitare, d’un livre, d’un film… Le cinéma allait investir notre envie d’ailleurs, de grands espaces. Et voilà, nous étions captifs… Ce rêve serait aussi le nôtre. Et un jour, c’est certain, nous partirions rejoindre ce fantasme lointain. Traverser l’écran. Vivre, respirer ce qui était devenu, au fil du temps, des clichés. 

drapeau americain sur un surfeur

©Getty Images/iStockphoto 

 

Des clichés, vraiment ?

Pas sûr. Il suffit de prendre une voiture, de rouler au hasard, ou presque. The Big Apple ou Monument Valley, Los Angeles, Vegas, le désert, les vastes plaines du Wyoming, les pics du Montana, un rider sur sa Harley, deux femmes en décapotable, des bus argentés, des chanteurs de blues au fond du Delta… Tout est là. Magnifiquement vivant. Vierge. La terre des Indiens, des pionniers, des self made men, des hobos, de l’homme sur la lune, a cessé d’être un simple pays. Un cliché ? Non. Une légende.

 Beacon Hill - Boston - Massachusetts

©Oleg Podzorov

« You always said the highway was your home/ but we both know that it ain’t true/ there’s an only place a man can go/ when he don’t know where he’s travelling to… “ Elles résonnent longtemps les paroles de Fort Worth Blues, par Steve Earle, quand on est lancé sur la route, quand rien d’autre ne vient borner la nuit que les néons des motels, que les néons des diners essaimés le long du chemin.

 

 

Nous avons tous à l’esprit les toiles, désertes et habitées à la fois, d’Edward Hopper. Ces destins saisis dans la lumière poudreuse d’un crépuscule d’été. Ces invitations aux départs, à la mélancolie aussi, par instants. Les chambres d’hôtels, les restaurants, les salles de cinéma… Des couleurs simples et subtiles. Celles de l’existence… Voyager en Amérique, c’est pénétrer sans effraction dans les toiles d’Hopper, coller au plus près à la douceur, d’une Amérique éternelle. C’est saisir un visage, une silhouette et être pris soudain d’une infinie tendresse pour ces frères humains… C’est être au cœur de la vie.

Diner américain

©Jérôme Galland 

Te souviens-tu de Vegas et de Monument Valley, de ces Américains qui pique-niquaient sous un auvent, au milieu du désert ? Te souviens-tu comme nous roulions alors, presque sans but, et de l’air brûlant qui s’engouffrait dans l’habitacle de la vieille Pontiac que j’avais payée cash à un prêteur sur gage d’ Atlantic City, tout au début de notre voyage ? Je me souviens, moi… Tu disais que tu voulais sentir la vitesse et le parfum de la liberté. Tu disais que l’on irait jusqu’en Californie, la Frontière, tu sais…

 

Par

STEPHANE GUIBOURGE

 

Photographie de couverture : A. Cosmelli/CONTRASTO-REA