Visiter les Pouilles : cités radieuses et été éternel

Italie

Visiter les Pouilles : cités radieuses et été éternel

Publié 19 mars 2024

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À l’extrême sud du pays, les villages aux façades blanchies s’égrènent entre vignes, oliviers et plages de sable fin. Dans les Pouilles, l’été se fait éternité, en marge du temps.

 

"Hourra ! Hourra !", commente Jules Verne après l’exploit de Nellie Bly. Sur les pas de Phileas Fogg, la reporter américaine réalise en 1890 un tour du monde en soixante-douze jours, battant le record fictif du personnage britannique. Comme lui, elle choisit la ville portuaire de Brindisi, dans les Pouilles, pour gagner l’Orient. Tremplin ou confi ns ? La région italienne, pareille à la Bretagne ou à la Galicie, s’adapte aux humeurs des voyageurs. Point de départ pour une nouvelle aventure ou d’arrivée pour un coin de nature, au bord du monde, c’est toujours de regain dont il s’agit. Car les Pouilles conservent cette curieuse fraîcheur des premières fois qui font toucher terre avec vue sur l’horizon.

Épargnées pendant des années par la frénésie du monde, les Pouilles ont su redonner souffle à leur histoire. Romains, Byzantins, Lombards, pirates ottomans puis barbaresques, Normands y ont imposé leurs lois et leurs styles. Les villages et cités de la région témoignent de ce sulfureux métissage. Portée par deux mers, la péninsule salentine a transformé ces influences pour créer son propre courant…

 

Salento, entre bleu pluriel et or vert

Aujourd’hui, un bout du monde comme Lecce, lors de son Festival du cinéma européen (en avril), attire chaque année une foule toujours plus nombreuse. Dans la cité baroque appelée la “Florence du sud”, la fiction court (en réalité) à chaque coin de rue. Ses monuments, ses palais, ses églises, ses colonnes, ses animaux fantastiques et ses cariatides laissent imaginer un sublime décor de théâtre. Les artistes du XVIIe siècle utilisaient bien la “pietra leccese”, la pierre calcaire couleur miel, pour jouer avec la lumière. Découvrir au coucher du soleil l’exubérante piazza del Duomo se révèle un spectacle unique. Les ornements affleurent sous les effets de l’astre. En façade seulement, car la plupart des palais et des églises gardent leur antre fermé.

À trente minutes de route de Lecce, sur la côte ionienne, Gallipoli montre la même retenue. Mais ses atours suffisent : le centre historique de la cité s’est niché sur une île entourée d’une eau cristalline. La “belle ville”, comme son nom l’indique, s’est aussi parée de miel calcaire. Et ses pressoirs à huile d’olive rappellent le temps de sa prospérité, quand l’or vert du pays contribuait à allumer les lampes de toute l’Europe.

Côté terre, sur les plaines du Salento, les oliviers s’alignent jusqu’au bord de la presqu’île. Pour atteindre ce cap, il est agréable de longer la côte ionienne et ses longues plages de sable fin, dont le bleu pluriel leur vaut le surnom de “Petites Maldives”. Chacune a ses habitués : Baia Verde, surnommée Ibiza, plaît pour ses fêtes ; les criques secrètes de Lido Punta della Suina, pour leur intimité. En bout de course, Santa Maria di Leuca, l’extrême, séduit pour son panorama. Ici se rejoignent dans la plus grande passivité, les mers Ionienne et Adriatique. De son promontoire rocheux, un phare datant de 1864 marque leur union et la fin du continent.

Sur la côte Adriatique, la falaise reprend ses droits. La route se fend d’une corniche sur plusieurs kilomètres. Il y fleure bon les influences orientales, comme à Otrante, l’une des plus vieilles villes des Pouilles. Flanquée de murailles et de tours fortifiées, la cité détient une impressionnante cathédrale normande du XIIe siècle.

Composé de 600 000 tesselles, son pavement représente un énigmatique arbre de vie où se succèdent, sur 54 mètres, des scènes de l’Ancien Testament, des personnages comme Alexandre le Grand, les signes du zodiaque et des figures comme le Chat botté. Réalisée par le moine basilien Pantaleone, l’œuvre distille ses secrets au compte-goutte.

Architecture de porte à Nardo dans les Pouilles

Jérôme Galland

 

Terre rougeâtre et ville blanche

En poursuivant vers le nord, les cités blanches dominent la campagne italienne, ainsi que les masseria, ces vastes domaines agricoles aux charmes rustiques dont certaines proposent des séjours, au rythme de la nature. Dans la vallée d’Itria, à mi-chemin entre Brindisi et Bari, les oliviers verts poussent à perte de vue sur un sol chocolat. Cette terre rougeâtre a le parfum du blé, des oliviers, des vignes, et de la pierre sèche.

Ostuni, à dos de colline, ajoute sa couleur : la “ville blanche” aux petites maisons serrées autour de la cathédrale a vue sur la mer Adriatique. À quelques kilomètres, les ports Polignano a Mare et Monopoli renferment des centres historiques marqués aussi par les atermoiements du passé. Mais malgré l’agitation, tous ont su trouver leur ligne. Même la statue de Domenico Modugno, l’interprète dans les années 1950, de Volare (“Oh! Oh! Cantare…”) a sa place désormais à Polignano a Mare, d’où il est originaire.

Dans les terres, Martina Franca et ses palais baroques valent le détour. Mais la reine de la vallée est Alberobello, notamment pour ses trulli, ces habitations aux toits coniques datant du XVIIIe siècle. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville ne fut pas toujours visible sur les cartes. Un édit du royaume de Naples stipulait que toute nouvelle agglomération devait être soumise à l’autorisation du roi et au paiement d’un impôt.

Pour s’y substituer, les comtes de la région obligèrent les paysans à vivre dans ces constructions précaires, rapides à détruire en cas de contrôle inopiné. Alberobello n’a obtenu le statut de ville qu’en 1797. Un tiers des trulli sont aujourd’hui habitées.

Alberobello ville typique avec ses trulli

Lucy Laucht

 

Bari, Gargano, Matera : cités radieuses

Considérée, elle, comme l’une des plus anciennes cités de la région, Bari, la capitale des Pouilles, détient le plus grand port de l’Adriatique. Les ruelles étroites de sa vieille ville permettent d’approcher de plus près le quotidien de ses habitants. Portes ouvertes, linge étendu et Vespa : l’errance prête à de joyeuses indiscrétions dans ces rues que les foyers investissent. La promenade se poursuit avec le vieux château Normand-Souabe et la basilique Saint Nicolas qui abrite la tombe du saint. Au nord, le Gargano appelle à d’autres aventures. L’éperon de la Botte italienne forme un vaste promontoire rocheux qui s’avance sur la mer Adriatique. Et la forêt ombrienne occupe, majestueuse, cet immense espace de douze mille hectares. Au total, 2 000 espèces y poussent, dont les orchidées sauvages qui comptent à elles seules 85 variétés. Les botanistes du monde entier viennent admirer la richesse de cette forêt millénaire, ouverte sur la mer.

En marge des Pouilles, il est une ville de la Basilicate, incontournable : la cité troglodyte de Matera compte parmi les trois plus anciennes villes habitées du monde, après Alep et Jéricho. Comparée à L’Enfer de Dante par l’écrivain Carlo Levi, en 1945, en raison de conditions de vie difficiles, la cité a pris sa revanche en 2019 en devenant la capitale européenne de la culture. Les quartiers troglodytes, les sassi, ont ainsi retrouvé leur prestige d’antan. En leur temps, les moines byzantins en avaient faits des églises, creusées dans le tuf, à flanc de ravin ; la Renaissance avait opté pour de magnifiques palais. De l’abîme à la gloire, Matera a su regagner son lustre en plongeant dans son histoire.

Plafond du Palazzo Margherita

Jérôme Galland

 

In the mood

Du nord au sud, l’ancienne Apulie charme les voyageurs par son authenticité, la beauté brute de son littoral, de ses palais baroques et de son maquis coiffé de trulli. On aime : plonger dans les fonds translucides de Marina di Leuca, le rendez-vous sacré à la criée du dimanche matin sur le marché des pêcheurs à Bari, caboter en barque parmi les grottes de Polignano a Mare, déjeuner chez Al Torrione aux îles Tremiti. On achète son huile d’olive à la masseria, un granité artisanal au Caffè dell’Incontro à Conversano et on fait le plein de confitures maison chez Maria Concetta à Alberobello. On hésite entre de belles randonnées le long des chemins de transhumance du Gargano ou une initiation aux vins du Salento chez Per Bacco à Lecce.

En fin de journée, on s’attarde en terrasse à l’heure de la passeggiata (le petit tour de quartier traditionnel avant de passer à table), on déguste un café glacé au lait d’amande, puis concert d’été sur la piazza Mercantile à Bari. À la nuit tombée, les amoureux se promènent dans le vieil Ostuni.

Architecture d'une façade à Nardo dans les Pouilles

Jérôme Galland

 

Le goût du voyage

Trabucchi. Ces plates-formes de pêche en bois se succèdent sur le littoral adriatique. Sur pilotis ou fixés aux parois rocheuses, les trabucchi, inventés par les Phéniciens, sont transformés en restaurant.

Castel del Monte. Construit à Andria vers 1240, à la demande de l'empereur Frédéric II, ce château, octogonal, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco a à chacun de ses huit angles une tour elle-même octogonale.

Orecchiette. Les pâtes aux petites oreilles sont servies dans les Pouilles avec des brocolis sauvages (cime di rapa). Et les cavatelli, aux bords roulés, sont à savourer avec des moules et des pois chiches.

Pizzica. Dérivée de la tarentelle, la pizzica est une danse et une musique traditionnelles au rythme libérateur. Selon les croyances, elle permettrait de guérir de morsures d'araignée.

Tremiti. La légende veut que le héros grec Diomède ait jeté dans l'Adriatique trois pierres ramenées de Troie pour créer les îles Tremiti. Classées réserve marine, elles comptent de superbes sites de plongée.

Plat de pâtes orecchiette

Vincent Leroux

 

Photographie de couverture : Lucy Laucht

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