Grèce

Visiter les Cyclades : les îles plurielles de la mer Egée

Visiter les Cyclades : les îles plurielles de la mer Egée

Éparpillées dans le sud de la mer Égée, les îles des Cyclades portent toujours en elles la promesse d’un exil bleu et blanc. Comment choisir ? Tour d’horizon de ces terres singulières – tantôt sauvages, sophistiquées ou discrètes.

 

Les îles-totems

Il y a d’abord les grandes îles des Cyclades, celles dont le nom connu résonne. En plein cœur de l’archipel, voilà Paros, dont les carrières de marbre ont offert leur matière aux plus grands chefs-d’œuvre de la sculpture antique. L’île vit au rythme de la balade dans ses rues blanches, le long de collines piquées de vergers ou sur les plages qui, tout en se suivant, ne se ressemblent pas. Elles sont sauvages ou équipées, branchées ou intimes, contemplatives ou sportives. Les fous de planche à voile filent sur la côte est, s’envolant avec le meltem (vent du nord). De là, Antiparos joue les coquettes miniatures, que l’on rejoint en bateau pour une journée – rues piétonnes bordées de maisons blanches et de bougainvilliers, plages modèles.

À la nuit tombée, si l’appel de la fête retentit, c’est à Mykonos qu’il faut y répondre. Prisée dès les années 1960 par une poignée d’armateurs et de stars d’Hollywood, elle est la plus débridée de l’archipel. Toute l’île danse ! À la lumière du jour, on y explore les ruines de Délos, où la mythologie fit naître Artémis et Apollon, et on file se baigner à Agios Sostis.

À seulement deux heures de ferry, Santorin apparaît à l’horizon. Vision surréaliste de cette terre formée par l’effondrement d’un volcan dans la mer Egée – ses falaises noires en à-pic, la ligne blanche des maisons qui se détache sur le ciel azur. Une grande promenade sur la crête de l’île après le départ des derniers croisiéristes, la sieste sur Red Beach, plage de sable volcanique noir entourée de falaises rouges. Et le must de l’île : au coucher du soleil, sur les balcons et terrasses, tout le monde s’arrête face à la caldeira, la baie couleur carmin. La plus vaste île de l’archipel, Naxos, égraine avec douceur les petits ports, hameaux offerts au soleil et à d’éblouissantes plages. Il faut prendre le temps de sillonner en voiture ou à pied cette terre montagneuse et fertile émaillée de formations rocheuses, de vallées plantées d’oliviers, de vignobles et de citronniers. Dans les villages de l’arrière-pays, les rues étroites montent en spirale, les boutiques fraîches et sombres somnolent dans la langueur de l’après-midi…

Ruelle a Milos dans les Cyclades

Julian/stock.adobe.com

 

Un autre visage des Cyclades

Au sud-est de l’archipel, Amorgos rappelle à la mémoire le film Le Grand Bleu (1988), tourné sur l’île. Ses falaises crayeuses dressées sur la mer, ses chemins bordés de lignes de pierres, le monastère de Chozoviotissa agrippé à flanc de falaise, trois cents mètres au-dessus de la mer. Voilà une île où l’on flâne de minuscules chapelles byzantines au tranquille village de pêcheurs d’Ormo, avant de s’attabler dans l’une des tavernes au bord de l’eau, à Katapola, pour goûter au rakomelo, un raki au miel servi chaud. Et où l’on prend le large pour l’île sauvage de Nikouria, accessible en bateau. Cachée elle aussi, voilà Sifnos. À peine 74 kilomètres carrés, quelques arpents de terres, des maisons blanches aux cheminées d’argile et des tavernes animées. Se baigner dans les plages secrètes à l’ombre des tamaris, visiter le monastère Chrysopigi, dont les murs immaculés se reflètent dans la mer, ou s’arrêter chez les artisans de l’île, bastion de la poterie des Cyclades. Serifos, à quelques milles marins, joue les oasis tranquilles sous une lumière zénithale. L’île abrite, en plus de jolies plages, le charmant port de Livadia et ses petites tavernes, le village de Chora dont les ruelles dégringolent sur la colline.

Puis, trouver refuge à Milos, où les cabanes de pêcheurs multicolores sont accrochées aux rochers. Et découvrir les criques lunaires de Sarakiniko, l’église de Korfiatissa qui domine la baie d’Adamas, et faire une pause à la ferme de Kostantakis – produits du potager et vins du domaine.

 

Vue panoramique à Santorin dans les Cyclades

Salva Lopez

 

Presque à une brasse l’une de l’autre, on fera escale à Andros et Tinos. D’un vert sauvage, Andros se reconnaît à ses chemins de piste et ses maisons néoclassiques. L’île vit d’air et d’art pur : le musée d’Art contemporain fondé par l’armateur grec Basil Goulandris y a ouvert ses portes en 1979. Changement de décor à Tinos, l’une des plus grandes îles des Cyclades et fief de l’orthodoxie grecque. Le 15 août, les pèlerins gravissent en nombre la rue dédiée à l’icône de la Vierge. Le reste de l’année, l’île est calme, dévoilant une suite de villages construits de marbre et de belles plages de sable. Les vacances peuvent se prolonger à Folegandros, rocher de 32 kilomètres carrés plongeant dans la mer bleu profond. Ou sur l’île de Syros, capitale administrative des Cyclades. Dans la ville d’Ermoúpoli, les églises catholiques et orthodoxes se font face, chacune installée en haut d’une colline.

 

Le goût du voyage

Les loukoums de Syros. Ils ont été introduits sur l’île pendant la Guerre d’indépendance grecque (1821-1832) qui a vu se réfugier à Syros de nombreux habitants d’Asie Mineure.  Le premier atelier de confection de loukoums y ouvre ses portes en 1837.

Les fèves de Santorin. Une variété de fèves que l’on ne retrouve qu’à Santorin est au cœur de la préparation de la fáva, sorte de houmous de pois cassés jaunes copieusement arrosé d’huile d’olive, dans laquelle plonger sa pita… Un délice.

La rodinia de Tinos. Une variante de l’amygdalota, pâtisserie typique des Cyclades à base de pâte d’amandes parfumée à la fleur d’oranger. Comble de la gourmandise : à Tinos, on glisse à l’intérieur une griotte ou une châtaigne.

Le kitron de Naxos.
Liqueur preparée dans une distillerie xamiliale de l’île, à base d’écorces de fruits et de feuilles de Kitron, un citronnier endémique. La recette est encore tenue secrète !

 

"Plus tranquilles encore, car plus difficiles d’accès, certaines Cyclades semblent presque soustraites au monde, telle Kimolos."

 

Oubliées des foules, bénies des dieux

Plus tranquilles encore, car plus difficiles d’accès, certaines Cyclades semblent presque soustraites au monde. Des îles retraites où le temps s’étire, indifférent aux montres, aux réveils, exhortant en silence ceux qui s’y attardent à ralentir la cadence. Ainsi de Kimolos, île minuscule traversée d’une route unique et de quelques chemins de terre qui permettent d’apprivoiser les côtes sud et est de l’île. Des sentiers arides d’herbes aromatiques, un relief sculpté par les vents, les plages sublimes de Prassa et Soufi justifient à eux seuls la percée. Et dans les petites Cyclades, au sud de Naxos, Koufounissia. Un tandem d’îles égrenant une succession de belles plages comme Pissina (Piscine) qui ne trahit pas son nom. Plus sauvages encore, reculées, Iraklia, Donoussa, Schinoussa semblent exister dans la promesse d’un tête-à-tête : vous, la mer Egée. Horizon dégagé, calme absolu, lumière insolente. C’est tout.

 

In the mood

Cinquante-six îles… Même si seules 24 d’entre elles sont habitées, difficile d’établir un panthéon personnel… Tentons l’ordre alphabétique et, évidemment, la liste non exhaustive… A, pour Amorgos, et un pèlerinage sur les lieux de tournage du Grand Bleu ou au monastère de Panaghia Hozoviotissa, littéralement accroché à une falaise ! À Andros, la plus nordiste des Cyclades, user les plages entre Gavrio et Batsi. F, pour Folegandros, où, pour changer, on testera les galets de celle de Karavostasis. M, comme Milos, “l’île des couleurs”, pour dîner de poulpe grillé dans l’une des tavernes du petit port de Pollonia. Ou Mykonos, et sa ville pittoresque, à moins d’opter pour la visite de sa voisine Délos, en privé. À Naxos, flâner dans Apiranthos, petit village aux ruelles pavées de marbre local. P : à Paros, où le meltem souffle tout l’été, s’initier à la planche à voile. À Santorin, formée autour d’un cratère marin, plonger dans le bleu profond de la mer Égée. S, toujours : le bourg de Sérifos, son moulin à vent… Enfin T, comme Tinos, pour finir au cœur des Cyclades, îles étourdissantes de beautés à faire perdre la tête.

Imerovigli à Santorin

Zoe Fidji

 

Place to be

Milos House, pour une summer retreat raffinée. Melian, un Boutique hôtel & Spa en front de mer, à Milos. Scorpios cuisine bio, locale et gastro, à Mykonos. Mèlisses, lieu magique et inspiré, à Andros. Tout comme Ktima Lemonies B&B charmant. Mystique Hotel, le mythe de Santorin. Aegialis Le seul 5 étoiles d’Amorgos ! Myconian Utopia Resort, élégance et hospitalité grecques pour ce Relais & Châteaux de Mykonos. Villa Marandi, tranquillité du bleu infini… à Naxos. Saint Andrea Resort, une oasis de confort à Paros. Rizes, adresse de style, idéale pour les familles, à Sérifos…

 

Restaurant plage à Santorin

Zoe Fidji

 

Photographie de couverture : Pat on stock/stock.adobe.com