Le sumo, sport sacré japonais - Le Mag Voyageurs

Japon

Sumo, le combat venu du ciel

Publié 18 sept. 2019

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Oui, il s’agit effectivement d’une bataille, souvent très brève, entre deux géants à l’embonpoint exhibé, travaillé, revendiqué. A un détail près : ce combat se déroule au Japon et ici, prière de ne jamais s’en tenir aux seules apparences. Le sumo est un sport, un vrai, livré par des héros qui parlent avec les dieux. Respect, s’il vous plait.

 

Endurance, souplesse, puissance. Tels sont les crédos du sumotori, sur place, on préfère dire rikishi, l’homme fort. Ces trois vertus se travaillent au quotidien dès l’âge de 15 ans, en prévision d’une carrière qui ne permettra guère de fouler le dohyô, l’aire du combat, au-delà de la quarantaine.

Sumo dans l'arène

kadenkei/stock.adobe.com

Debout avec l’aube, les aspirants à la gloire s’entraînent tels des forçats à l’abri d’internats calqués sur le modèle des monastères dont ils partagent la philosophie de l’enfermement, du silence dans la souffrance et de l’obéissance aveugle à la hiérarchie. Courir à petits pas, en chenille, main sur l’épaule du précédant, honte sur celui qui craque et pénalise tout le groupe, excellent pour le cœur et la résistance. Séries de pompes rapides, mains sur le ciment, parfait pour le gainage et la force. Allez, vite, debout, on enchaîne en levant la jambe le plus haut et le plus droit possible, dix fois, cent fois, ligaments et tendons jouent l’élastique, top pour l’amplitude du geste.

 

Que mange un sumo ?

Pause pour le déjeuner d’ogre (le chanko, une marmite de riz avec poulet et légumes) qu’on fait glisser avec un flot de bière, autour de 10 000 calories, trois à quatre fois plus qu’un individu lambda. A consommer sans la moindre modération, demander du rab est même signe de vive implication. Suivent une sieste prolongée, le retour en salle d’entrainement, le dîner préparé et servi par les plus jeunes rikishi, puis dodo bien mérité pour ces bébés potelés qui, pour une taille moyenne d’1,85 m affichent entre 130 et 160 kilos sur la balance. Cet embonpoint optimise la stabilité du corps, conviennent les spécialistes. Il constitue un aboutissement pour tous puisque le sumo ignore les catégories par poids comme c’est le cas dans les autres sports de combat, judo, boxe ou lutte.

Arbitre d'un combat de sumo

kadenkei/stock.adobe.com

 

Intermédiaire entre divin et humain

Tous ces jeunes gens perpétuent une tradition dont on trouve les premières mentions en 712. Il se raconte alors que le palais impérial de Nara accueille des fêtes shintoïstes grandioses, musique, danse, théâtre, banquets et mise en scène d’une lutte symbolique entre deux divinités. Gloire au vainqueur auquel le ciel ouvre ses portes afin de lui permettre d’implorer de prochaines récoltes abondantes. Avec ce valeureux messagers, le sumo est né. Le prestige d’intermédiaire entre humain et divin est acquis à ses champions. C’est toujours le cas aujourd’hui.

 

Des codes stricts

Avec le temps, la pratique se codifie et s’organise. Chaque rikishi n’est vêtu que d’une ceinture de soie, le mawashii, une dizaine de mètres de longueur, enroulée autour de la taille et entre les cuisses, sorte de string sans la moindre vertu érotique. Seule coquetterie admise, des cheveux huilés ramenés en chignon. Quant au combat, il se dispute sur une aire circulaire d’argile surélevée de 4,55 mètres de diamètre, le dohyö.

Au centre sont tracées deux lignes blanches, l’une à l’est, l’autre à l’ouest derrière lesquelles prendront place les adversaires. Ils chassent alors les mauvais esprits en frappant des pieds sur le sol ainsi qu’en jetant des poignées de sel, se purifient avec une gorgée d’eau claire vite recrachée puis posent les deux poings par terre en défiant méchamment du regard leur adversaire, signe qu’ils sont prêts au combat. L’explosivité est impressionnante quand tel un éclair de foudre, ils se jettent l’un contre l’autre. Deux masses en pleine ardeur exigent la capitulation sans condition. Officiellement, quatre-vingt-deux prises sont autorisées. Une ou deux suffiront.

Jambes d'un Sumo

kadenkei/stock.adobe.com

 

Cadeau de la France

Est désigné vainqueur celui qui expulse l’autre du cercle de l’affrontement ou lui fait toucher le sol par une autre partie du corps que les pieds. Simple et sans contestation possible puisque l’affaire se solde pratiquement toujours avec une perte d’équilibre entraînant la sortie du cercle ou bien la chute. L’arbitre en costume traditionnel désigne le vainqueur auquel on remet une enveloppe garnie de yens. Certaines des plus grandes compétitions ajoutent un macaron géant. Il est réalisé par Pierre Hermé et c’est un cadeau de notre ambassade qui entend signifier ainsi l’indéfectible amitié entre France et Japon...

 

Devenir « yokozuna »

Actuellement, quarante-sept écuries de sumo réparties en en six divisions regroupent un millier de professionnels qui reçoivent un grade en récompense de leurs victoires et grimpent ainsi dans la hiérarchie. Le graal : devenir yokozuna, le plus élevé des six titres qui, en cas de défaite inattendue annonce une prochaine retraite. Toujours partir avec dignité plutôt que faillir au cours du combat de trop. Le mental japonais ne pardonnerai pas. 

Il y a peu, le débat fit rage entre conservateurs et progressistes. Les premiers défendaient la singularité de cette pratique typiquement japonaise. Les seconds redoutant le manque d’attrait de cet art pour les jeunes accros du kick boxing ou des combats vidéo, prônaient l’ouverture aux étrangers. En effet, les écuries locales avaient tendance à se renforcer avec des Mongols, des Hawaiiens, des Ukrainiens, des Russes et autres Estoniens, Géorgiens, Bulgares, etc. assez agiles pour jouer les héros avec leurs quasi deux quintaux et remporter des titres avant d’obtenir leur naturalisation. Scandale. Le nationalisme local l’a emporté. Désormais, une écurie ne peut compter dans ses rangs qu’un seul rikishi qui ne soit pas né au Japon. Non mais !

Arène de Sumo

kadenkei/stock.adobe.com

 

Où voir un combat de sumo ?

Contrairement à ce que redoutent nombre de voyageurs au pays du Soleil levant, il est assez facile d’assister à un combat de sumo. Les sièges les plus éloignés du centre de la salle sont vendus autour de 20 euros, les bonnes places coutent une centaine d’euros et les loges les plus chics exigent deux ou trois fois plus. Les réservations se font auprès des concierges de hôtels, dans les magasins des grandes chaînes alimentaires ou sur Internet (il faut alors comprendre le japonais). Savoir qu’une poignée de tickets est vendue sur place le jour des compétitions. Mais il faut se lever tôt et ne pas craindre une ou deux bonnes heures de queue.

Le calendrier des affrontements est très formaté, reproduit d’une année sur l’autre, dates exceptées. Chaque journée commence vers 8 heures avec les combats des gamins et se termine une dizaine d’heures plus tard en compagnie des cadors. Pour conclure, se déroule alors une danse rituelle, makushita : un sumotori fait tournoyer un arc avec une gestuelle sacrée née dans la nuit des temps. Au Japon, on adore les messages qui racontent l’éternité.

 

Par

JEAN-PIERRE CHANIAL

 

Photographie de couverture : kadenkei/stock.adobe.com

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