Nouvelle-Zélande

Radio Voyageurs : 100% Nouvelle-Zélande

Radio Voyageurs : 100% Nouvelle-Zélande

Avec Sabine Bernet, auteure, photographe, conférencière et spécialiste de la faune de Nouvelle-Zélande, Léopold Aries, directeur des îles et Océanie chez Voyageurs du Monde, Hélène Bourdier, conseillère et spécialiste Océanie chez Voyageurs du Monde, Jean-Pierre Chanial, journaliste, écrivain, grand voyageur et Michel-Yves Labbé, président de l’application Départ Demain.

 

Valérie Expert part d’un constat : très peu de Français vont en Nouvelle-Zélande. « C’est vrai, confirme Léopold Aries, seulement 10 000 Français y partent chaque année. Dans le nombre de touristes qu’accueille la Nouvelle-Zélande chaque année, c’est à dire entre 1 et 1,5 millions de personnes, ça reste un tout petit nombre. Mais c’est aux antipodes et il faut compter 25 à 30 heures de vol ».

 

Qui part et quand ?

Selon Hélène Bourdier, « on part plutôt en couple qu’en famille car les hébergements ne sont pas très adaptés aux enfants. La meilleure période est de novembre à mai, mais il faut éviter décembre, janvier ou février. C’est l’été et l’afflux des touristes dénature la destination ». Elle recommande de privilégier l’automne qui est magnifique. Michel-Yves Labbé se permet alors une question qui l’a toujours taraudé : « Faut-il mieux passer par l’est ou l’ouest pour aller en Nouvelle-Zélande » ? Léopold Aries mentionne le trajet le plus insolite, via les pays du Golfe : Paris-Doha puis Doha-Auckland, « le vol le plus long du monde, avec ses 17 heures non stop et le plus rapide pour accéder à la Nouvelle-Zélande ». Michel-Yves Labbé suggère l’autre côté : Londres-Los Angeles, puis Los Angeles-Auckland. En ce qui concerne la fatigue, tout dépend de la classe choisie. Jean-Pierre Chanial suggère de faire attention à la durée de l’escale. Bien sûr, plus elle est longue, moins le billet est cher mais plus le voyage est fatigant. Il précise que la route du Golfe est la plus utilisée et qu’il faut compter entre 1200 € l’aller-retour en classe éco et 4500 € en classe affaire.

Femme dans un train en Nouvelle-Zélande

Peter Rigaud/LAIF-REA

 

Un paysage vert et nature, détonnant des îles voisines du Pacifique

La conversation évolue vers la destination elle-même et ses paysages uniques. « On est parfois plus proche de la Suisse ou de la Norvège que des paysages de Tahiti ou des îles Cook », explique Léopold Aries avant d’ajouter qu’il s’agit de la seule destination du continent où il neige et où il y a des Alpes. « Vous connaissez l’expression Four seasons in a day ?, enchaîne Sabine Bernet, je l’ai vécue ! En été, vous pouvez passer de 30° à une chute de neige dans la journée. Il faut préparer les voyageurs à ça » ! Valérie Expert revient sur les paysages. Jean-Pierre Chanial parle de la première impression quand on arrive en Nouvelle-Zélande : « Ce n’est pas qu’un seul vert, mais cinquante nuances de vert plus magnifiques les unes que les autres : des sapins, des palmiers, des fleurs, des fougères arborescentes de plus de 10 m de haut, bref des forêts incroyables ».

Un paysage vert et nature, détonnant des îles voisines du Pacifique

Peter Rigaud/LAIF-REA

 

Les questions que se pose le voyageur

« Faut-il conduire beaucoup ? » est un classique d’après Hélène Bourdier. La réponse est oui car le pays se découvre par la route. Jean-Pierre Chanial ajoute qu’il ne faut pas oublier son permis international en plus de son permis classique : « On ne vous le demandera probablement jamais mais c’est stipulé dans la legislation. D’autre part, sachez que les routes sont très bien signalées, que tout le monde respecte les limitations de vitesse et conduit calmement. On est dans la philosophie : Qu’est-ce que c’est bon de vivre en Nouvelle-Zélande ». Sabine Bernet confirme que l’on prend le temps de conduire, d’apprécier les paysages, que les Néo-Zélandais sont « adorables, super accueillants, ils ont juste peur qu’on s’endorme sur la route tellement c’est calme.

femme dans un hotel en nouvelle zelande

Andrew Quilty/The New York Times-REDUX-REA

On vous incite donc à vous arrêter dans les petites villes pour prendre un café, se reposer »… avant de reprendre la route - attention, on peut parfois s’arrêter 10 à 15 fois sur le même tronçon de route tellement les paysages sont beaux. « On vient en Nouvelle-Zélande pour l’exploration. Nos clients sont de grands amoureux de la nature : paysages, faune, flore, confirme Hélène Bourdier, mais on arrive aussi à les bluffer côté humain car les Néo-Zélandais sont super sympas. Quand le client revient, il ne parle plus que des Kiwis » ! Jean-Pierre Chanial revient sur la route et sur les pistes de terre que l’on peut emprunter depuis les voies goudronnées : « Elles donnent encore plus de proximité avec la nature ».

 

Du camping aux lodges de luxe

En Nouvelle-Zélande, on peut choisir le camping : louer un camping car, dormir où l’on veut, partir d’un bout du pays et rendre le véhicule à un autre point. Si on a envie d’un vrai lit, sachez que l'option Bed & Breakfast est très répandue. A noter pour se faire plaisir : les Luxury Lodges of New Zealand qui offrent des hébergements de luxe complètement délirants et atypiques. « Cela peut être dans des fermes étendues sur des milliers d’hectares où on va loger dans des maisons ultra contemporaines au milieu des moutons, ou même des cubes en verre pour dormir sous les étoiles », explique Léopold Aries.

Du camping aux lodges de luxe

Simon Devitt/The Lodge at Kinloch

 

Du temps et de l’argent

« Attention ! C’est un voyage qui coûte cher, « il faut compter entre 15 et 18 000 euros pour deux », précise Hélène Bourdier. Les prix sont effet un peu plus élevés en Nouvelle-Zélande qu’à Paris. Tous les invités de Valérie Expert s’accordent à le dire, d’autant plus que le dollar néo-zélandais est en train de monter. Quant au temps à prévoir sur place, comptez au moins 18 jours pour voyager dans les deux îles. Léopold Aries remonte ensuite dans le temps en racontant une anecdote historique :  « En 1840, les Anglais qui sentaient l’appétence des Français pour cette de île de Nouvelle-Zélande de plus en plus grande ont fait signé aux Maoris le Traité de Waitangi, un peu en urgence. La Nouvelle-Zélande a donc failli être française mais elle est devenue britannique. Il reste un petit village près de Christchurch, Akaroa, qui a encore quelques petites rues françaises, une boulangerie… »

deux pernnes dans une piscine

Aro Ha

 

Des paysages stupéfiants et une faune unique

"L’île du nord est beaucoup plus contrastée, souligne Hélène Bourdier, tandis que celle du sud suit les Alpes, mais au final elle plaît beaucoup plus aux voyageurs ». Elle mentionne également une troisième petite île, Stuart Island, pour les amoureux des oiseaux. C’est d’ailleurs la faune qui a emmenée Sabine Bernet à s’intéresser particulièrement à la Nouvelle Zélande et tout particulièrement le perroquet Kakapo. « Ia Nouvelle-Zélande est, paraît-il, le pays qui pourrait faire le plus penser à la vie sur une autre planète. C’est en effet le dernier continent qui a été découvert il n’y a que 700 ans.

joli paysage de nouvelle-zélande

Dianne Lynette/stock.adobe.com 

Pendant 80 millions d’années, il est resté tout seul au milieu de l’océan. Les mammifères - sauf des chauve-souris ! - n’y avaient pas accès ou en avaient disparu, on ne trouvait que des mammifères marins », explique Sabine Bernet. Elle poursuit en parlant de la vie qui a pris des chemins totalement différents du reste du monde : « Vous avez des oiseaux qu’on ne trouve nulle part ailleurs, des reptiles et des grenouilles uniques, c’est aussi le paradis des geckos », explique Sabine Bernet tout en rassurant Valérie sur la non-présence de serpents sur les îles de Nouvelle-Zélande. Elle insiste aussi sur le fait que le pays est vraiment tourné vers la protection de sa nature : « Ils sont les leaders dans le domaine au niveau mondial ».

Montagne et mer en Nouvelle-Zélande

Rafael Ben-Ari/stock.adobe.com

Hélène Bourdier en profite pour préciser que Voyageurs du Monde a accès aux zones protégées, où une Nouvelle-Zélande originelle est recréée : « Le parc très connu de Zealandia à Wellington autour du barrage par exemple, ou encore l’île de Kapiti qui appartient à la famille maori Barrett. Ils ont mis sept ans à débarrasser l’île de ses espèces invasives et aujourd’hui c’est un petit paradis pour les randonneurs, les bird watchers… L’ambiance est unique ».

 

Les villes

Tous les invités de Valérie Expert sont d’accord : on ne va pas en Nouvelle-Zélande pour les villes. De plus, Hélène Bourdier met les auditeurs en garde : « Attention, Auckland est en travaux jusqu’en 2020 pour améliorer ses réseaux de transports en commun ». Quant à Wellington, la météo semble toujours poser problème : « C’est l’endroit de la planète où il y a le plus de vent ! », précise Sabine Bernet. Puis il y a Christchurch, une ville qui ne s’est pas encore relevée du tremblement de terre de 2011. Jean-Pierre Chanial met toutefois un bémol et revient sur la convivialité des villes, « que l’on retrouve par exemple à Auckland avec ses containers peints par des artistes sur la marina. On y préserve son art de vivre, on vous invite à partager une table, on vous demande d’où vous venez, on vous donne rendez-vous pour le prochain weekend… ». Sabine Bernet évoque ensuite sa ville préférée, Dunedin, sur l’île du sud : « Une ville atypique, universitaire, avec de très belles constructions et on est tout près de la péninsule d’Otago, l’endroit où on peut voir le plus de faune en Nouvelle-Zélande, un endroit magique où l’on tombe nez à nez avec des albatros royaux, des manchots, des cormorans… »

Ville de nouvelle-Zélande

Berthold Steinhilber/LAIF-REA

 

Quels itinéraires choisir ?

Hélène Bourdier est contre tout itinéraire classique : « Bien sûr, on peut aller voir les volcans du nord mais pourquoi ne pas aller découvrir la République de Whangamomona - déclarée suite à un découpage régional qui n’a pas plu - et se rendre jusqu’à New Plymouth, au volcan Taranaki et aux plages de surf derrière ? Il y a aussi la région magnifique des Catlins dans l’extrême sud : des cascades, des sentiers de randonnée »… Jean-Pierre Chanial, lui, conseille Gisborne, un petit village au sud d’Auckland avec sa marina : « Là vous prenez plein est en longeant la côte et des plages magnifiques et désertes. Vous allez tout au bout, vous êtes au point le plus à l’est des terres. La ligne de démarcation du temps est juste là. Vous lui prenez la main et vous lui dites : On va être les premiers au monde à voir le soleil se lever… »

femme sur une plage de nouvelle zélande

Berthold Steinhilber/LAIF-REA

 

Flash-back sur l’affaire du Rainbow Warrior

Valérie Expert remarque que Michel-Yves Labbé est inhabituellement peu loquace. « Je ne suis jamais allé en Nouvelle-Zélande », rétorque-t-il. Pourtant, il était prêt à s’y rendre avec son épouse il y a 35 ans, « mais patatras, une semaine avant le départ, on recherchait un couple de Français de notre âge, les faux époux Turenge. Le sentiment anti-français grandissait de jour en jour. Ce n’était pas le moment d’aller visiter les Kiwis aussi civilisés soient-ils » ! Il en profite pour rappeler l’histoire du Rainbow Warrior, en 1985, quand la France fait des essais atomiques dans le Pacifique, à Mururoa, à 4700 km de la Nouvelle-Zélande. Il raconte : « Les Néo-Zélandais comme les Australiens n’aiment pas ça du tout. Les autorités françaises craignent des interventions d’activistes qui viendraient perturber leurs essais. Ils anticipent donc en s’attaquant à un navire d’une organisation à l’époque peu connue, Greenpeace, le Rainbow Warrior ». Michel-Yves Labbé poursuit son récit : « Une espionne de la DGSE infiltre Greenpeace et on envoie une équipe de saboteurs pour couler le navire. L’intervention porte le nom d’Opération Satanique !

On envoie deux agents, un homme et une femme sensés être en voyage de noces, les faux époux Turenge, ils sont munis de passeports suisses. On envoie une autre équipe de trois plongeurs sous-marins, on fait partir un voilier, l’Ouvéa, de Nouvelle-Calédonie avec les explosifs et un zodiac. Arrive la nuit du 10 juillet, les plongeurs prennent le zodiac, posent une petite charge puis une grosse sur la coque du Rainbow Warrior. La petite pour que l’équipage évacue, la grosse pour achever le bateau »…  Malheureusement, un photographe hollandais retourne dans sa cabine pour prendre ses appareils, il périt dans la deuxième explosion. Les plongeurs ont ensuite rendez-vous avec les Turenge. Il faut passer un pont mais il est fermé. Michel-Yves Labbé poursuit son récit : « la camionnette des Turenge passe par le port mais un vigil veille.

Intrigué par le remue-ménage, il note le numéro de la plaque. Les plongeurs repartent par l’aéroport, les passagers de l’Ouvéa sont récupérés par une sous-marin français dans les eaux internationales et le voilier est coulé. Les époux Turenge se pointent à l’aéroport où la police renseignée par le vigil les appréhende. Ils ne parlent pas mais devant les preuves accablantes, Laurent Fabius, alors premier ministre, avoue. Les faux époux Turenge sont rapidement jugés et condamnés à dix ans de prison. Ils sont extradés huit mois plus tard et assignés à résidence dans un atoll paumé du Pacifique français. Ils sont rapatriés en France en 1988 au grand dam des Néo-Zélandais. Ce qui n’a pas arrangé l’image de notre beau pays… Les faux époux Turenge ont fini colonels ! Lui est devenu un photographe animalier de renom, et elle DRH des pompiers de Paris »…

Sabine Bernet révèle qu’il y a une suite à cette histoire : « La France a dédommagé la Nouvelle-Zélande et les fonds ont été affectés à un fond d’amitié France - Nouvelle-Zélande dont j’ai bénéficié pour mon dernier livre Genial Nature Nouvelle-Zelande et pour une exposition sur la faune néo-zélandaise ». Autre conséquence de l’histoire du Rainbow Warrior : la Nouvelle-Zélande a été le premier pays au monde à être dénucléarisé. Valérie Expert conclut l’émission par quelques recommandations dont Le Dictionnaire Insolite de la Nouvelle-Zélande, de Rosanne Aries, chez Cosmopole,  et le site de Sabine Bernet, Genial Nature.

 

Photographie de couverture

PAULINE CHARDIN