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Bangkok VS Singapour : Le match en 10 rounds

Bangkok VS Singapour : Le match en 10 rounds

 Aimerez-vous Bangkok, préférerez-vous Singapour ? Le match en 10 rounds.
L’une est la capitale d’un vaste royaume, la Thaïlande, fière de ses traditions. L’autre est celle d’un micro-état dont le modernisme fait référence. Toutes deux sont la porte d’entrée pour de bien plus amples découvertes. Quelle est celle que vous choisirez ?

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Bataille d’aéroports

Le nouvel aéroport international de Bangkok-Suvarnabhumi a eu bien du mal à sortir de terre. Mais voilà qu’il fonctionne à plein régime et accueille près de 60 millions de passagers par an. Immense, plus de 3 000 ha, 444 m de longueur sur 111 de large, il possède en outre la plus haute tour de contrôle du monde, 132 m de hauteur. Ce qui ne l’empêche pas de peiner à réguler son trafic, à enregistrer quelques cafouillages, sans venir à bout des interminables files d’attente et bousculades qu’elles génèrent. Passage en douane lent avec un ressenti exaspérant quand on débarque après 11 heures de vols et une nuit en pointillés. Patience exigée pour la livraison des bagages. Change obligé sur place pour les passagers qui comptent gagner leur hôtel en navette ou en taxi.

A Singapour, Changi airport accueille lui aussi autour de 60 millions de passagers par an. Avec une organisation qui impressionne. Sol tapissé de moquette pour cultiver le silence, piscine sur le toit, aquarium géant, jardin des orchidées... On y resterait bien encore un peu mais le passage en douane, express, assuré par une armée de fonctionnaires, et la livraison des bagages en temps record, on croirait au miracle, n’en laisse guère le temps. Rien d’étonnant à ce que cette plateforme soit régulièrement élue comme « meilleur aéroport du monde ». Un titre mérité.

Avantage Singapour

petite fille dans un aéroport

©Stephanie Tetu

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Direct au centre-ville

Suvarnabhumi est à 32 km du centre de Bangkok. Un train assure la liaison en 30 mn. Mais pour une première arrivée, recommandons le taxi (chauffeur en gants blancs !) qui dépose devant l’hôtel réservé. Il faut alors posséder des baths, la monnaie locale. Un euro = 40 baths. Les voitures sont équipées d’un compteur. Compter une quinzaine d’euros. Mais patience exigée face aux embouteillages fréquents sur l’autoroute, surtout en matinée. Savoir enfin que lors d’une arrivée matinale, la chambre d’hôtel ne sera probablement pas disponible avant 14 heures.

L’aéroport international de Singapour est à 20 km du centre. Un train express facile d’accès et de compréhension assure la liaison en 20 mn. Les taxis (tous ont un compteur) ne mettent guère plus de temps. Une vingtaine de dollars Singapour exigés (un euro = 1,65 SGD). Circulation plutôt fluide le long d’artères au bitume lisse et bordées de fleurs. Un ravissement pour le regard et un argument de sérénité après un si long vol (11 heures).

Avantage Singapour

des homes jouent dans la rue à Singapour

©Thomas Linkel/LAIF-REA

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C’est la première impression qui compte

L’une est turbulente, l’autre terriblement lisse. A Singapour, la palme de l’organisation. Avenues rectilignes, signalisation respectée, trottoirs immaculés, panneaux publicitaires géants et dernier-cri, forêt de buildings plantés avec méthode, boutiques chics, néons artistiques… Voici l’Asie version Suisse à la sauce chinoise. Plaisir des yeux, esprit rassuré.

Bangkok à l’inverse, impose son joyeux fouillis. Embouteillages parfois dantesques, pollution visible à l’œil nu, armée de tuk-tuk (pétrolettes équipés d’une plateforme pour transporter des passagers) fumant et pétaradant, trottoirs bondés, vendeurs de tout, de la cigarette à l’unité à la montre de contrefaçon, étals de bric et de broc, cuisines de rue… Voici un chaos urbain spontané qui témoigne d’une vraie vie, d’une vraie ville.

Avantage Bangkok

homme heureux dans les rues de Bangkok

©Morgane Le Gall

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Nuit dans les étoiles

Palaces de grandes chaînes, joyaux historiques (l’Oriental à Bangkok, le Raffles à Singapour), créations modernistes (Marina Bay Sands à Singapour, Sofitel So à Bangkok), maisons de charme, adresses pour affaires… Les deux capitales disposent d’arguments comparables avec une gamme de tarifs nettement plus attractifs en Thaïlande qu’à Singapour. Ajoutons confort au sommet, service de référence et la multiplication récente des roof-tops dans les deux villes.

Egalité

jolie piscine sur le toit d'un immeuble avec vue sur Bangkok

©Frank Heuer/LAIF-REA

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Circulez, il y a à voir

D’un côté, Bangkok, une ville de 1 500 km² et une agglomération où vivent 20 millions d’habitants. De l’autre, Singapour, moitié moins étendue et à peine 6 millions d’âmes. Ajoutons une gestion de l’urbanisme pour le moins chaotique dans la première et totalement maîtrisé chez la seconde. Résultat, les embouteillages considérés comme une normalité à Bangkok et une circulation à l’impeccable fluidité à Singapour. Bangkok a réduit la contrainte automobile avec la mise en service d’un métro aérien. Moderne, peu cher, confortable et servi par un personnel totalement disponible et bilingue. A utiliser après avoir consulté le plan pour maîtriser les arrêts et les changements, tous peu nombreux. Ne pas rater l’expérience de tuk-tuks pour circuler à l’ancienne, nez au vent. Négociation tarifaire obligatoire. Sinon, taxis, avec ou sans compteur. Il n’est pas interdit de discuter le montant de la course. A Singapour, tous les taxis affichent leur tarif et sont climatisés.

Avantage Singapour

femme qui sort d'une jolie voiture

©Raffles

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Vie de rue

Elle est dense dans les deux villes. Mais totalement différente, presqu’opposée. A Bangkok, la foule mélangée du petit peuple, mamies cassées sous le poids de paniers à balancier ou mitonnant ses légumes dans le wok, employés innombrables, cadres toujours pressés, lamas crâne rasé, robe safran ou rouge, on donne ce qu’on veut, scolaires en grappes, étals dressés à la va vite… A Singapour, l’ordonnancement est bien plus académique, vêtements occidentaux, pas vifs pour tout le monde et peu de turbulences à observer. Pas de stand sauvage ni de vendeurs sans boutique. Bref, chacune son style. Bangkok ravira ceux qui attendent de l’exotisme, Singapour, ceux que rassurent l’ordre et la propreté. Tout le monde sera d’accord pour veiller au parapluie. A Bangkok mais surtout chaque soir à Singapour, il est rare que l’averse ne tombe pas, avec souvent une violence insoupçonnée.

Egalité

Restaurant Khao Gaeng Jake Puey a Bangkok

©Aude Giraud/Khao Gaeng Jake Puey

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Plaisirs du palais

La réputation de l’excellence culinaire de l’une comme de l’autre n’est plus à faire. Les deux villes jouent à merveille sur ce registre, recettes thaïes d’un côté, délicatesses chinoises de l’autre. Ce qui n’empêche pas les singularités locales. Par exemple, Bangkok cultive avec bonheur la cuisine des trottoirs. Pas un seul qui ne soit occupé par un feu au-dessus duquel mijotent soupes et bouillons. Le voisin, as de la brochette, manie l’éventail sur un grill. C’est vivant et inventif. A côté de la restauration classique, Singapour opte depuis toujours pour les « food courts ». Ce sont des sites de plein air (les dernières réalisations sont coiffées d’un toit, prudence face aux averses) qui rassemblent de nombreux stands, chacun sa spécialité, cuisine chinoise, thaï, malaise, indienne, fruits, glaces, pâtisserie, etc. On choisit ici et là avant de s’installer aux tables installées au centre de ces plateforme gastronomiques traditionnelles. Noter que depuis peu, les deux villes découvrent l’œnologie. Tarifs des bouteilles évidemment élevés. Classiquement ici, on accompagne les repas de bière, de thé ou d’eau. La communauté chinoise aime aussi manger au cognac.

Avantage Bangkok

gastronomie de Singapour

©Thomas Linkel/LAIF-REA

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Visites

Les guides touristiques ne savent plus où donner de la page pour découvrir Bangkok. La ville regorge de trésors et la semaine suffit à peine pour voir l’essentiel. Des temples d’abord, le plus spectaculaire étant celui du Bouddha d’émeraude, dans l’enceinte de l’immense palais royal, en pleine ville. Une dizaine d’autres temples méritent la visite d’autant qu’aucun n’est un édifice figé. Tous abritent leur communauté monastique et accueillent des centaines de fidèles chaque jour. Les offrandes et les fumées d’encens témoignent. Autre indispensable, la navigation sur les klongs, ces canaux qui irriguent la ville depuis le fleuve Chao Phraya. A deux ou quatre, louer une pirogue à moteur (long tail) pour deux heures et découvrir la vraie vie de la capitale, celle des petites gens qui vivent au bord de l’eau, les épiceries et les cuisines flottantes, les petits marchés… Superbe. Shopping évidemment, la soie en priorité, ainsi que dans les allées étroites de l’immense marché du week-end, Chatuchak, une caverne d’Ali Baba où on déniche des trésors. Enfin, savourer les nuits de fête, au niveau de la rue (Khao San, par exemple) ou depuis le roof-top des gratte-ciel comme celui de l’hôtel Banyan Tree sur trois niveaux.

Spectaculaire. Sur ce registre, Singapour joue légèrement en retrait. Son académie privilégie le musée d’Art, la promenade dans ses immenses centres commerciaux (Orchard Road) ou dans les allées du spectaculaire jardin artificiel Gardens by the Bay. Voir à tout prix le vrai jardin botanique et son conservatoire des orchidées, unique au monde. Les quartiers « typiques » de Chinatown et Little India, animés, gardent une forme de mémoire. Enfin, grimper au sommet de l’hôtel Marina Bay Sands (2 560 chambres sur 57 étages, 200 m de hauteur) pour plonger dans une des plus grandes piscines du monde, elle couvre le toit de trois immeubles et mesure 146 m de longueur. Vue grandiose sur la ville en prime. Entrée payante. En revenant sur terre, plaisir d’un centre commercial géant, d’un Spa, de 20 restaurants, d’un casino…

Avantage Bangkok

Museum of Contemporary Arts de Singapour

©Lauryn Ishak/The New York Times-REDUX-REA

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Temps de séjour

L’une, Bangkok, est une destination par elle-même. Avant d’explorer la Thaïlande, on peut y séjourner une bonne semaine et plus si affinité, elle est fréquente, agrémentée par un coût de la vie très abordable. Tout le monde cependant ne supporte pas son incessant tourbillon, la pollution qui l’étouffe, la difficulté de communiquer, peu de Thaïs parlant l’anglais. A l’inverse, Singapour et son look occidental révisité par la précision et l’organisation chinoise génère rarement l’émotion. En revanche, c’est une ville parfaitement fonctionnelle. Impossible de s’y perdre, tout le monde parle l’anglais, et aucune indication ne manque. Bravo à ses réalisations et à sa bonne fortune. Conséquence, des prix pratiquement aux standards occidentaux. Deux ou trois jours pour en humer l’essentiel, puis filer plus avant.

Avantage Bangkok

Anantara Siam Bangkok

©Anantara Siam Bangkok

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Portes sur ailleurs

Les deux villes s’imposent comme d’importants hubs régionaux. Singapour excelle dans la desserte de l’Indonésie en général, de Bali et des îles Sulawesi en particulier. Nombreux vols low-cost au quotidien. Son aéroport est également utilisé pour rejoindre les Philippines ou les capitales des pays de l’Indochine. Sans oublier… Bangkok, ralliée par les airs mais également par le très chic train Orient-Express. Depuis Bangkok, on gagne généralement les provinces du nord (Ayutthaya et Chang Mai) ainsi que les plages, Pattaya, Phuket, Koh Samui, etc. Mais son aéroport offre également des liaisons pratiques et peu onéreuses pour Yangon en Birmanie, le Vietnam, le Cambodge, le Laos, etc. Pour qui veut alors entamer un autre voyage.

Egalité

petit garçon dans un avion

©Getty Images/iStockphoto

 

Par

JEAN-PIERRE CHANIAL

 

Photographie de couverture

FRANK HEUER/LAIF-REA