Argentine

Argentine, 3 700 kilomètres de bonheurs

Argentine, 3 700 kilomètres de bonheurs

Elle s’étend des chutes d’Iguaçu au nord, jusqu’au « bout du monde », la mythique Ushuaia en Terre de Feu. Entre les deux, les couleurs rouges des Andes, Buenos Aires et ses accents haussmanniens, et les glaciers de Patagonie. Comme le Che, faites la route !

 

Trois mille sept cents kilomètres du Nord au Sud, et 1400 de l’est à l’ouest. Tout là-haut, à la triple frontière, ce sont les chutes d’Iguaçu. Ici en Argentine, on les approche de près, on se fait même éclabousser parfois, on contemple « la gorge du diable », on va les voir en bateau, en se faisant un peu secouer, on les longe à pied, en les admirant vues d’en haut, vues d’en bas, recto, verso, on peut multiplier les sentiers de découverte – puis échapper au vacarme assourdissant des chutes, en allant faire un tour dans la forêt, dont le vert se griffe des éclairs colorés de toucans et de perroquets . Si vous y êtes un soir de pleine lune, revenez au bord de l’eau, le spectacle est magique – le décor semble planté pour accueillir un film de Tim Burton…

paysage de Tilcara

Michael Mohr/Redux-REA

Dans le Nord-ouest, la jolie ville de Salta se découvre à pied (couvent de San Bernardo, église de San Francisco et son délicat clocher rose…).partir ensuite vers les villages de Cachi, de Molinos, de Cafayate, les paysages époustouflants des parcs nationaux, parc national de los Cardones, vallée de las Flechas et ses rochers aux formes improbables, dont on se dit parfois qu’ils vont se mettre à bouger, tant leur aspect change avec la lumière, canyons du parc de Talampaya, et la faune riche qui peuple les lieux : condors, renards, vigognes, chats sauvages, viscaches, guanacos…

Passez voir l’Aconcagua, qui frôle les 7 000 mètres. En été, gravir « le Colosse de l’Amérique », point culminant d’Amérique latine et plus haut sommet du monde en dehors de l’Himalaya est relativement aisé. Les êtres moins sportifs admireront son sommet blanc qui domine les roches rouges du parc national.

Plein est, rejoignons la capitale, histoire de se replonger dans la vie citadine (faire le plein de design, d’architecture historique, de vie nocturne, de galeries d’art), en passant par la pampa, celle des célèbres gauchos.

Boutique à Humahuaca

Michael Mohr/Redux-REA

Vous pourrez prendre le chemin des écoliers, vous arrêter quelques jours dans une estancia de charme, et goûter au mate, la boisson conviviale que l’on partage en faisant tourner la bombilla qui le contient, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, pour que le temps passe moins vite. Boisson des gauchos, c’est devenu la boisson nationale argentine. Au départ on la trouve un peu amère, on se demande bien ce qui plaît tant. On continue, pour la beauté du geste, pour les sourires, pour le plaisir de discuter de tout et de rien, et on se rend compte qu’on est accro (et on est bien content, car les Argentins nous ont seriné la liste presqu’infinie de ses propriétés bienfaitrices, diurétique, stimulant cardiaque et stimulant de la circulation sanguine périphérique, stimulant musculaire, qui combat la fatigue mentale ET la fatigue physique. Il aide à la perte de poids -  réduit la sensation de faim, augmente la durée de la sensation de satiété, favorise le métabolisme des graisses, soulage les douleurs rhumatismales, traite les maux de tête, et, last but not least, stimule la thermogénèse - augmentation de la dépense calorique de l’organisme. Apprenez par cœur : « es muy buena la yerba mate, tiene muchas calidades, por ejemplo aumenta la termogénesis, che ». Certes, ce n’est pas fondamental pour voyager en Argentine, mais vous assurera une bonne base de capital de sympathie. Vous pourrez essayer d’apprendre à le préparer, dans les règles, c’est tout un art, semblable à la cérémonie du thé chez les japonais (taux d’inclinaison de la bombilla, façon de positionner les feuilles de maté sur la paroi du récipient, d’humidifier la yerba, de remuer le mélange). Moi, j’ai abandonné, je fais mon maté comme une barbare, mais il n’empêche, depuis Paris chaque gorgée m’envoie immédiatement en Argentine, comme une madeleine de Proust.

petite fille en argentine

David Maupile/LAIF-REA

Requinqués, repartons plonger dans une autre nature, vers le Sud - qui, dans cet hémisphère où l’on se retrouve la tête en bas, est synonyme de glaçons, et, décidément rien ne marche droit lorsque l’on a les pieds par-dessus tête, on est tout content de partir vers ces contrées hostiles. Il y a de quoi : elle est fascinante, la Patagonie, et ce n’est pas pour rien qu’elle fait couler de l’encre, de Jules Verne à Bruce Chatwin. L’aiguille gris sec du Fitz Roy, certes, ne culmine qu’à 3 507 mètres, mais le Chalten est bien plus dur à vaincre que « le Colosse de l’Amérique », alors on peut lui tourner autour, lui faire comme une danse nuptiale, lors de somptueuses randonnées ; le lago Argentino où se jettent glaciers, îlots, ou dérivent des icebergs, à explorer à pied, en bateau, à cheval ; le maître des glaciers, le Perito Moreno, immense fabrique de glaçons, dont les  grands pans bleutés, sous la poussée de la glace plus jeune, finissent leur vie par une action d’éclat, s’effondrant dans le lac dans un tonitruant fracas ; la «cueva de las manos », près des falaises feu du rio Pintura, et dont les traces de mains les plus vieilles ont plus de 13 000 ans… Et plus au sud encore, La Terre de feu et Ushuaia, la ville la plus au sud du monde. Le bout du bout ? Non, en Argentine on peut toujours pousser le voyage plus loin, vers le cap Horn, puis l’Antarctique...

 

Par

Véronique Durruty