Capitale
Nuuk.
Climat
Froids records, vents catabatiques, le temps sur l’inlandsis n’est rien moins qu’accueillant. L’hiver, dans le nord, il fait nuit plusieurs mois. La température y tourne autour de -30°C sur la frange littorale. Au bord de l’eau, cela va de -15°C à 0°C dans le sud. La banquise entoure l’île, l’eau ne demeurant libre qu’au sud-ouest. Effet du Gulf Stream. Cette banquise a son extension maximale en mars et minimale en septembre. L’été – de juin à août – à la périphérie, on avoisine les 0°C, avec des 10°C de moyenne dans le sud-ouest. La neige fond un peu. L’inlandsis reste froid (altitude et moindre influence océanique). Les précipitations sont surtout neigeuses et hivernales à l’est et pluvieuses (mais éparses) et estivales à l’ouest.
À Nuuk, les maximales moyennes en février sont de -6°C ; en mai, de 4°C ; en août, de 10°C ; en novembre, de -1°C. À Ilulissat, elles sont respectivement de -11°C ; 4°C ; 10°C ; -4°C. À Ittoqqorttoormiit, de -10°C ; 1°C ; 9°C ; -6°C. Au Cap Morris Jesup, pointe nord du Groenland, de -28°C ; -8°C ; 2°C ; -21°C.
Géographie
SUPERFICIE : 2 175 600 km².
POINT CULMINANT : Gunnbjorns Fjeld, chaîne orientale de Watkins, 3 660 mètres.
PAYS LIMITROPHES : frontières reconnues avec le Canada, la Norvège et l’Islande.
Le Groenland est une île assez ovoïde. Baignée par la mer du Labrador au sud-ouest puis, dans le sens horaire, le détroit de Davis, la baie de Baffin, la mer de Lincoln, la mer du Groenland et l’Atlantique. Du point de vue physique, c’est une terre américaine. Une énorme calotte glaciaire – inlandsis – occupe environ 80% de la superficie. D’une épaisseur de trois kilomètres en son centre, elle s’écoule dans la mer par des vallées glaciaires. Les plus énormes icebergs de l’hémisphère nord sont issus du glacier Jakobshavn, dans le fjord d’Ilulissat en baie de Disko. L’inlandsis est bordé par des reliefs, plus relevés à l’est. Plaines littorales peu profondes. Les observations satellitaires ont décelé sous la glace un vaste canyon nord-sud. Les établissements humains sont au bord, surtout sud-ouest.
Faune et flore
Les conditions faites à la flore sont très rudes. Elle ne se développe – un peu – qu’hors inlandsis, ce qui s’entend. C’est une toundra, faite d’herbes rases, de mousses et de lichens. Le bouleau nain ne monte pas au-dessus du mètre. Le recul des glaces peut faire place à des cuvettes tourbeuses. Au sud, quelques secteurs abrités permettent toutefois à des arbres de pousser. Ils sont rares. La vallée boisée de Qinngua est unique. On y rencontre bouleau pubescent, saule gris, sorbier du Groenland ou aulne vert. Lorsqu’elles éclosent, les fleurs métamorphosent le paysage. Le joli mauve de l’épilobe à feuilles larges, le léger pavot arctique, la jaune potentille de Hooker, le rose délicat de la saxifrage à feuilles opposées, le pompon blanc de la linaigrette, les pétales ébouriffés de l’armérie maritime sont avec d’autres le petit rire de la végétation.
Il y a les animaux qui, toute l’année ou en hiver, montrent patte blanche : ours, renard polaire, lièvre arctique, harfang des neiges, lagopède alpin. Camouflage. Prenons les choses par les prédateurs. Le loup s’attaque d’abord au lièvre et au renne, mais on le voit entreprendre les bœufs musqués ou les phoques du Groenland. L’ours blanc a une prédilection pour les phoques annelés et barbus ; à défaut, il se rabat sur le morse ou un bélouga de rencontre. Le renard polaire est assez peu regardant, mais le lemming à collerette fait bien son affaire. Le grand corbeau est noir et reste noir. Le macareux moine a la trogne enluminée. L’eider à duvet est d’un noir et blanc smart. Les oiseaux marins sont bien entendu en majorité : goéland bourgmestre, sterne arctique, pétrel de Lesson, mouette tridactyle, guillemot à miroir, etc. Il y a des labbes aussi, dont le labbe à longue queue, qui est un castagneur. Sur les rives, on rencontre le bécasseau maubèche, le chevalier aboyeur ou le tournepierre à collier. Un peu dans les terres, ce sont la bernache nonnette, le plongeon huard, l’aigrette bleue. Il y en a bien d’autres. L’azuré des soldanelles est un beau papillon gris-bleu ; le cuivré commun est orangé et noir ; l’ambré aussi : ils ont du mérite. Les tardigrades (que l’on ne voit pas, sinon au microscope) valent pourtant mention : ils sont les seuls à vivre au plus inhospitalier de l’inlandsis.
Parce qu’elles nourrissent en quantité de petits organismes, les eaux groenlandaises nourrissent quantité de grands mammifères. Avec sa dent de licorne – un cas d’hypertélie caractérisé – le narval est l’un des plus étonnants d’entre eux. Le grand cachalot l’un des plus impressionnants. Les défenses du morse lui servent de crampon. La baleine boréale est à fanons. La baleine à bosse aussi. Orques, dauphins, globicéphales ont des dents. Le phoque du Groenland n’est pas le seul phoque au Groenland : les espèces à capuchon, barbu, gris, annelé et commun ont aussi droit de cité. Parmi les poissons, le requin du Groenland est un cas. De grandes dimensions, sa longévité est exceptionnelle : 400 ans. Il ne peut se reproduire qu’à cent ans passés. Le flétan du Groenland a une bonne vue pour un poisson plat ; sa chair est fine. Il y a aussi une morue du Groenland, sous-espèce de celle de l’Atlantique. L’omble chevalier est le plus septentrional des poissons d’eau douce.
Le chien groenlandais, dont les aïeux sont arrivés avec les Thuléens, est l’animal domestique de l’île. Costaud, délié, endurant et un brin teigneux, c’est le sled dog type. Le mouton est le seul animal d'élevage qui se soit adapté – dans le sud. Quand on sait qu’il a été domestiqué en Mésopotamie, il faut concéder que cet animal a une capacité remarquable d’ajustement.
Situation environnementale
La fonte des glaces du Groenland est un symbole du réchauffement climatique. Si l’inlandsis fondait complètement, cela provoquerait une hausse du niveau des mers d’environ sept mètres. Pour cela et selon les projections actuelles, il faudrait néanmoins dans les 2500 ans. Des phénomènes de fonte partielle mais conséquente ont déjà eu lieu dans le passé. Ce qui inquiète aujourd’hui, c’est la rapidité et le spectre d’un emballement : la perte de glace de l’inlandsis a été multipliée par quatre en trente ans. À la périphérie et à la surface, la glace fond de façon préoccupante. Les plateformes glaciaires, qui régulent l’écoulement des glaciers dans la mer, sont fragilisées par la hausse de la température de celle-ci. Elles ont perdu un tiers de leur volume. Ces phénomènes s’inscrivent dans une contraction générale de la cryosphère, qui a des conséquences locales, régionales et planétaires. Et des effets environnementaux, économiques et sociaux. Les appels au développement de la recherche glaciaire et à une prise de conscience des impératifs imposés par le réchauffement climatique et la pollution de ces régions se multiplient. Appel de Paris pour les glaciers et les pôles de 2023, par exemple. L’inlandsis groenlandais est un symbole parce qu’il est une archive et un marqueur.
Il n’y a qu’un parc national au Groenland, mais c’est le plus grand du monde. Le Kalaallit Nunaanni nuna eqqissisimatitaq couvre un large quart nord-est de l’île, près d’un million de kilomètres carrés. Réserve de biosphère. La faune et la flore sont celles du Groenland. On aurait là 40% de la population mondiale de bœufs musqués. Les ours blancs y sont encore en nombre important. En général, les meutes de loup ne comptent que trois ou quatre individus, un trait spécial, qu’expliquent des conditions sans merci. À la pointe nord, dans la terre de Peary, quelques secteurs sont libres de glace.
Économie et tourisme
IDH en 2019 : 0,901 / France, 0,901.
PIB par habitant en 2023 : 58 499,00 dollars US / France, 44 690, 93.
La chasse a une importance simplement locale ; les importations l’ont d’ailleurs rendue moins vitale. Poissons et crustacés ont en revanche un vrai poids économique. Les crevettes étant le produit d’exportation n°1. Le déclin de la morue est net, mais le flétan l’a remplacée. Le crabe tient son rang. Les terres arables représentent 1% de la surface de l’île. Le réchauffement a un peu allongé la période et élargi le domaine favorable à la petite agriculture groenlandaise. Les pommes de terre en profitent, mais aussi les fraises, les pommes, les choux, etc. L’élevage est essentiellement ovin. Du point de vue minier, après l’érosion des ressources traditionnelles, on se tourne vers les terres rares. Les réserves pétrolières sont importantes, mais encore inexploitées du fait de difficultés logistiques et techniques qui en rendent la rentabilité problématique. En conséquence de quoi, l’énergie consommée au Groenland est à 70% d’origine renouvelable. Hydraulique pour l’essentiel. Dans le cadre des accords concernant la base de Pituffik, les États-Unis contribuent à différents travaux d’infrastructure. Enfin, la contribution financière du Danemark soutient efficacement l’économie.
Certes encore limité, le tourisme est un secteur en développement. On le veut responsable. Pour des raisons d’ordre général, mais aussi parce que les voyages nature constituent le gros des demandes : randonnées avec attelages de chiens, treks glaciers, observation zoologique, aurores boréales, navigation dans les glaces. Les traditions inuites et les vestiges de la présence viking viennent en appoint.