Population
56 050, en 2025.
Langues officielles
Le féroïen et le danois.
Langues parlées
Le féroïen est une langue germanique nordique, proche de l’islandais et du vieux norrois. On a recensé sept dialectes féroïens. Concrètement, les Féroïens parlent aussi le danois et comprennent les autres langues scandinaves. Ils ont en plus une pratique générale de l’anglais. En gros, le féroïen est la langue communautaire, le danois a un caractère administratif et l’anglais sert aux communications internationales.
Peuples
Près de 98% des habitants sont des Féroïens (dont les origines sont celtes et scandinaves), parmi lesquels environ 92% sont nés dans l’archipel. Les 2% restant étant surtout islandais, danois, norvégiens et polonais.
Religions
Bien entendu, au niveau des personnes, on trouve une belle palette de croyances, mais à celui de l’ensemble de la population, l’Église des îles Féroé, de tradition luthérienne, rassemble l’essentiel des fidèles. Ceux-ci étant notoirement plus fervents qu’au Danemark. Cette église nationale a une valeur autant culturelle at large que religieuse.
Fête nationale
Le 25 avril, jour du Drapeau, avec pour beaucoup le 29 juillet, anniversaire de la mort de saint Olaf et jour de l’ouverture du Parlement.
Calendrier des fêtes
1er janvier : jour de l’an.
En mars ou avril : Pâques, du jeudi saint au lundi de Pâques.
25 avril : jour du Drapeau.
4e vendredi après Pâques, grand jour de prière.
40 jours après Pâques, Ascension.
7e dimanche après Pâques, Pentecôte (avec le lundi).
5 juin : jour de la Constitution.
29 juillet : Olavsoka.
25 décembre : Noël (avec le 24 et le 26).
Politique
Les Féroé sont, depuis 1948, une province autonome du Royaume de Danemark. Ce statut d’autonomie leur donne accès au Conseil nordique. Et les maintient à la marge de l’Union européenne car, si le Danemark en est membre, ce n’est pas le cas de l’archipel (qui n’est pas intégré non plus à l’espace Schengen). Copenhague accorde donc une large liberté aux Féroé, qui se gouvernent pour ce qui les concerne. Si la défense se trouve placée sous la direction du royaume, elles disposent d’une certaine marge de manœuvre dans le domaine des relations internationales. Le roi du Danemark étant chef de l’État, le chef du gouvernement, logmadur, détient le pouvoir exécutif local. Il est issu de la majorité parlementaire. Le Parlement, Logting, est monocaméral, à 33 membres élus pour 4 ans à la proportionnelle. Outre cela, deux députés sont élus pour siéger au parlement danois. Le pouvoir législatif féroïen s’exerce dans les cadres du Home Rule Act de 1948 et de la constitution danoise.
Histoire
Ce sont des moines irlandais qui témoignent les premiers d’une occupation des Féroé. Eux s’y installent au VIIe siècle, mais elles sont vraisemblablement habitées depuis le Ve par des colons venus de Grande-Bretagne. Enfin, évangélique ou économique, le voyage portait alors aux bouts du monde. Une saga du XIIIe siècle, dite des Féroïens, est à peu près le seul document disponible sur l’histoire ancienne de l’archipel. Encore est-elle douteuse. On décèle néanmoins une prise en main norvégienne. Les îles constituant un relais sur la route viking vers l’Islande et le Groenland. Peut-être, au IXe siècle, un althing, parlement, existe-il. Vers l’an mil, l’évangélisation est en marche, sinon faite. En fin de compte, au XIVe siècle, les Féroé appartiennent à l’Union de Kalmar : Danemark Norvège Suède. Les marins britanniques traversent l’ordre scandinave, rendant aux Vikings la monnaie de leur pièce.
Au XVIe siècle, l’Union est dissoute et le roi de Danemark Christian III monopolise le commerce avec les Féroé. Il remplace le catholicisme par le luthéranisme. Le danois efface le latin et l’Église est expropriée. Les conflits continentaux fragilisent l’économie de l’archipel. Les accords commerciaux ne sont plus respectés. Un temps, les îles sont affermées à l’homme d’État danois Christoffer Gabel. Expérience malheureuse qui provoque le rétablissement du monopole royal au début du XVIIIe siècle. Pour cent cinquante ans. En 1814, la paix de Kiel – qui entérine au nord le déclin de Napoléon – entre l’Angleterre, la Suède et le Danemark, abandonne Groenland, Islande et Féroé au Danemark. La Norvège n’a pas voix au chapitre. Ensuite, c’est le XIXe siècle. D’une part, le Danemark tend à imposer son administration et sa langue. D’autre part, les Féroïens formulent des vœux d’indépendance et défendent leurs institutions. Le Parlement, Logting, est dissout, puis rétabli comme assemblée consultative. C’est déjà ça. On envoie deux députés au parlement danois. Le féroïen est normalisé dans les années 1890. Le développement économique continental touche l’archipel, qui trouve de nouveaux débouchés pour son poisson. Le niveau de vie sort de l’ornière et la population augmente. Le Danemark reste neutre pendant le 1ère Guerre mondiale.
Les Féroé ne tiennent pas le devant de la scène de l’entre-deux-guerres. Néanmoins, les choses avancent : le féroïen est autorisé dans les écoles publiques en 1938. Et dans les églises l’année suivante. La 2nde Guerre mondiale change la donne. Le 10 mai 1940, l’opération britannique Valentine répond à l’opération allemande Weserübung : les Tommies occupent les Féroé après que la Wehrmacht a envahi le Danemark et la Norvège. L’archipel est l’une des clés de l’Atlantique nord et, à ce titre, stratégique. Il s’agit de contrer une éventuelle guerre de course allemande. Pendant cette période, les Féroïens font des expériences décisives. L’administration autonome de leur territoire d’abord. La confiserie chocolatée anglaise ensuite. L’une et l’autre sont toujours d’actualité. Un aérodrome est installé sur Vagar. Le Logting retrouve une fonction législative. Le drapeau est reconnu. Pour autant, Londres adopte une attitude politique réservée, respectueuse de la souveraineté légale d’un Danemark sous la botte.
Les troupes britanniques se retirent en septembre 1945. En 1946, un référendum se tient dans l’archipel, qui donne une majorité pour l’indépendance. Initiative non reconnue par Copenhague. La majorité pragmatique du Logting finit par obtenir le Home Rule Act de 1948, qui accorde une autonomie réelle aux Féroé. Lorsque le Danemark rejoint l’Union européenne en 1973, celles-ci ne suivent pas. Les années 80 sont euphoriques. Trop. On déchante au cours de la décennie suivante et l’aspiration à une indépendance entière est douchée par les contraintes économiques. Les stocks de poisson baissent. Le système bancaire flanche. La chasse à la baleine jette une ombre sur les exportations féroïennes. L’émigration reprend. Le Danemark est appelé à la rescousse. Le traitement est sévère, mais il permet un redémarrage rapide et averti. Le nouveau millénaire est abordé avec un certain optimisme.
Personnalités
Grimr Kamban, IXe siècle. Selon la Faereyinga saga, la saga des Féroïens, il serait le premier d’entre eux, le premier arrivé. On ignore bien entendu s’il y eut jamais un Grimr Kamban en chair et en os, mais son nom, à la fois celtique et nordique, énonce clairement l’origine des Féroïens, auxquels les analyses génétiques récentes ont donné des ascendants celtes et scandinaves.
Magnus Heinason, 1545-1589. Ce marin entrepreneur et corsaire féroïen d’origine norvégienne est une illustration des clairs-obscurs de la mer du Nord au XVIe siècle. Il combat les Espagnols avec Guillaume de Nassau, filoute le monopole du commerce avec les Féroé instauré par le roi de Danemark Christian III, fortifie Torshavn, refoule les pirates britanniques, mais se met à dos le grand argentier des rois danois et périt décapité à Copenhague.
Nolsoyar Pall, 1766-1809. Cet architecte de marine et navigateur est mort en mer alors qu’il allait en Angleterre chercher de quoi nourrir ses compatriotes victimes d’une famine. Cela seul lui valait le respect des Féroïens, mais il était aussi poète et sa ballade Fuglakvaedi, qui évoque la domination danoise sous forme d’allégorie aviaire, est un classique, qui a fait de l’huîtrier pie persécuté l’oiseau national.
Eivor Palsdottir, née en 1983. Que miss Tambourinwoman chante seule en féroïen avec un tambour traditionnel ou en anglais avec une guitare électrique, elle donne du potentiel musical de son archipel natal une expression prenante. Et singulière. Dans le grand melting-pot world, elle a un son unique et une justesse de ton qui devraient faire entrer les Féroé dans toutes les bonnes discothèques.
Heri Joensen, né en 1973. Il est avec Kari Streymoy le fondateur du groupe de folk metal Tyr. Ce monsieur cultivé – bruyant et épique dans ses œuvres – trouve dans la mythologie préchrétienne de quoi exprimer une identité féroïenne. Hors de scène, il intervient régulièrement dans les débats qui animent l’archipel. Une personnalité qui envisage les choses sous un mode résister encore et toujours.
Pal Joensen, né en 1990. On ne s’étonnera pas que l’excellence sportive féroïenne ait quelque chose à voir avec l’eau. Le nageur de Vagur a pris la médaille d’argent du quinze-cents mètres nage libre des championnats d’Europe de 2010. Et, comme il eut le bon goût d’être alors le dauphin du Français Sébastien Rouault, on le trouve formidable aussi dans l’hexagone.
Heidi Sevdal, née en 1989. Bon, le football féroïen peut sembler anecdotique comparé à ceux d’Allemagne, d’Italie ou de Grande-Bretagne, mais il existe. Et se met au féminin. Heidi Sevdal, qui a aussi joué à l’IK Skovbakken au Danemark, a été deux fois joueuse de l’année sur ses terres. C’est un peu la Rose Lavelle de l’Atlantique nord. Car, au fond, il n’y a pas de petit football.
Savoir-vivre
Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire. Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.
En ce qui concerne le personnel local – serveurs, porteurs, etc. – les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.
La situation géographique et politique de l’archipel permet aux Féroïens de pratiquer le grindadrap. Cette chasse occasionnelle, régulée par les autorités, concerne surtout le globicéphale noir, mais le dauphin à flancs blancs en est aussi victime. Elle n’est pas proactive au sens où les animaux ne sont pas recherchés, les opérations ne commencent que lorsqu’un groupe est repéré à des endroits déterminés. Les autorisations de chasse sont données ou refusées. Les prélèvements devant correspondre aux besoins estimés. Bien entendu, le grind fait polémique. Les pro en appellent à la culture et à l’identité, indiquent que le globicéphale n’est pas menacé, évoquent une pratique durable. Les anti invoquent les conventions internationales, mettent en doute la proportionnalité des prises et des besoins, nient ces derniers. D’évidence, ce spectacle sanglant interdit de regarder les choses froidement. Ce qui est heureux, mais peu propice à la raison.
Cuisine
Les Féroé étant ce qu’elles sont, le vent souffle sur la cuisine traditionnelle. Les viandes – terre air mer – sont séchées à l’air ambiant. Poisson, baleine, mouton, oie ont longtemps constitué le principal de l’alimentation. Les choses changent bien entendu, mais poisson et mouton sont à l’ordinaire. Les polémiques autour de la baleine la rendent un peu plus difficile à avaler, bien qu’elle contribue encore à l’apport protéinique. Lorsqu’elle arriva au XVIIIe siècle, la pomme de terre fut la bienvenue. Elle est mieux qu’un appoint au rutabaga. Ajoutez à cela quelques légumes et la rhubarbe et vous avez, à peu de choses près, les aliments disponibles sur place. Le reste est importé. Ainsi, on peut tenir skerpikjot, le mouton séché, pour une sorte de plat national. Découpé en fines tranches, il est mangé sur du pain de seigle. Garnatalg est de la panse de brebis séchée, que l’on sert volontiers avec le poisson. Celui-ci est d’ordinaire l’aiglefin, la plie, le flétan, le hareng. On mange de délicieuses crevettes. Tvost og spik est un plat de viande et lard de baleine, globicéphale noir en général. Les Féroïens sont amateurs de saucisses, mais ils n’élèvent pas de cochons (des traces archéologiques indiquent pourtant qu’on en nourrissait au Moyen Âge). Force est donc d’acheter le porc au Danemark. Parmi les oiseaux, citons l’oie (que Noël met sur la table). Le guillemot aussi et le macareux. La tarte à la rhubarbe, ou la compote rabarbutriffla, sont des desserts typiques.
Street food : une grande enseigne de fast-food est maintenant installée à Torshavn, les Féroïens y ont droit comme les autres. D’ailleurs, pizzas, burgers et autres hot-dogs sont au menu des cafés.
Boissons
Aux Féroé, on produit de la bière, qui s’exporte. Sur l’étiquette, un bélier. Récemment, le mouvement micro-brasseries a touché l’archipel. Outre cela, le havid, qui appartient à la catégorie aquavit. Et de nombreux jus de fruits. Le lait est de production locale.