Culture en Ethiopie : langues, religions, cuisine - Voyageurs du Monde

Hommes Ethiopie

Population

130 267 390, en 2024.

Langue officielle

La constitution établit que l’amharique n’est pas la langue officielle du pays, mais sa langue de travail.

Langues parlées

Toutes les langues parlées en Éthiopie sont reconnues à égalité par la constitution. Elles sont plus de 80, sans compter les variantes. Les langues (maternelles) ayant le plus de locuteurs sont l’oromo (32,5%), l’amharique (25,5%), le somali (6,3%), le tigrigna (6,1%) et le sidamo (4,2%). On parle donc d’abord la langue de la communauté qui vous a donné naissance. Et en second, le cas échéant, une langue de travail. L’amharique est donc celle de l’État fédéral (70% des Éthiopiens le parlent, langue maternelle ou seconde) et d’un certain nombre d’États fédérés : Amhara, Centre, Sud, Sud-Ouest, Gambela, Benishangul-Gumuz et les deux villes à statut spécial, Addis-Abeba et Dire Dawa. En revanche, le Tigré a retenu le tigrigna ; l’Oromia, l’oromo ; l’Afar, l’afar ; etc. Le guèze est désormais purement liturgique. L’anglais a un statut de langue administrative ; sa pratique réelle est limitée aux grandes villes et aux sites touristiques. Les musulmans apprennent l’arabe littéraire avec le Coran. L’arabe parlé en Éthiopie est l’arabe standard.

Peuples

En nombre, les premiers peuples éthiopiens sont les Oromo (centre-sud et sud), les Amhara (centre-nord), les Somali (sud-est), les Tigréens (nord). Les peuples du sud – ancienne Région des nations, nationalités et peuples du Sud – parfois perçus de façon un peu indistincte, sont nettement singularisés, au contraire, et parfois nombreux. Ainsi y a-t-il plus de Sidama que d’Afar (nord-est) ou de Guraghe (sud d’Addis-Abeba). En tout, on recense plus de 80 groupes ethniques. En principe, le découpage administratif correspond à leur répartition géographique et une certaine autonomie est reconnue aux territoires ainsi définis. Bien entendu, il y a chevauchements, mélanges, majorités, minorités, etc., qu’il faut administrer.

Religions

Les chiffres manquent de précision, mais on peut accepter qu’un peu moins de la moitié des Éthiopiens relèvent de l’Église éthiopienne orthodoxe unifiée (tewahedo). C’est une église très antique, dont la fondation remonte à la conversion du roi Ezana d’Aksoum au IVe siècle. Elle est monophysite, c’est-à-dire qu’elle n’attribue au Christ qu’une nature (divine). Elle est de rite guèze et respectueuse d’une certaine légalité biblique, concernant l’alimentation notamment. L’influence qu’elle exerce – autant culturelle que religieuse – sur la société éthiopienne est profonde. Aux marges de cette institution plus que millénaire, les confessions réformées font preuve de dynamisme. On relève l’Église éthiopienne Kale Heywet, charismatique, fondée en 1927 ; l’Église évangélique éthiopienne Mekane Yesus, luthérienne, fondée en 1959 ; l’Ethiopian Full Gospel Believers’ Church, pentecôtiste, fondée en 1967 ; l’Église baptiste éthiopienne d’Addis Kidan, fondée en 1989. Le catholicisme a peu de poids démographique (moins de 1% des Éthiopiens) mais, institution internationale respectée, il bénéficie de son entregent diplomatique et moral. Néanmoins, ses relations avec l’Éthiopie sont compliquées. Situons l’islam autour de 40% des croyants. Les musulmans sont surtout sunnites et fortement teintés de soufisme. On les trouve dans les régions de l’est, Afar, Harar, Somali. Depuis les opérations Moïse et Salomon, en 1984 et 1991, qui ont transféré les falashas en Israël, le judaïsme éthiopien n’est plus qu’une ombre sur sa terre natale. L’animisme est résiduel (ou entre en contrebandier dans d’autres croyances). Quant au rastafarisme, en dépit du statut messianique qu’il attribue à Haïlé Sélassié 1er, il est d’un tout autre terreau social et spirituel que l’Éthiopie.

Fête nationale

28 mai : fin du régime du Derg, 1991.

Calendrier des fêtes

11 septembre : Enkutatesh, nouvel an éthiopien.

 

27 septembre : fête de la Croix.

 

28 décembre : saint Gabriel.

 

7 janvier : Noël.

 

19 janvier : Épiphanie.

 

Avril ou mai : Pâques.

 

5 mai : fête des Patriotes (anniversaire de la victoire de 1941 sur l’Italie).

 

28 mai : fête nationale.

 

19 août : Buhe, Transfiguration.

Politique

La République fédérale démocratique d’Éthiopie est orchestrée par la Constitution de 1994. Un ordre institutionnel à deux niveaux : fédéral et neuf régions fédérées (sources de la légitimité politique). Le président, élu par le parlement pour un mandat de 6 ans renouvelable une fois, a un rôle surtout représentatif et moral. C’est le premier ministre et son conseil (majorité parlementaire) qui ont les clés de l’exécutif, mènent la politique, intérieure et extérieure, du pays. Le Parlement est bicaméral. La Chambre des représentants des Peuples détient le pouvoir législatif : 550 députés, élus pour un mandat de 5 ans au suffrage universel direct. 20 sièges étant réservés aux mandatés de peuples minoritaires. Le premier ministre est issu de cette chambre basse. La Chambre de la Fédération, chambre haute, est composée de membres élus par des conseils régionaux. Elle doit assurer la représentation de tous les peuples d’Éthiopie : 153 élus (mandat de 5 ans) appartenant à 69 nations. Elle a pour fonction l’équilibrage des exigences communautaires et la défense de la régularité institutionnelle dans un contexte volontiers polémique. Une Cour suprême fédérale coiffe l’appareil judiciaire. Elle a aussi des compétences budgétaires. Le Conseil constitutionnel veille à la compatibilité des lois avec la constitution.

Histoire

L’histoire humaine de l’Éthiopie commence tôt. Très tôt. Pour le moment, Ardipithecus kadabba est daté entre 5,8 et 5,3 millions d’années. L’hominisation ne s’est pas faite en un jour. De quoi faire passer Lucy – Australopithecus afarensis – 3,2 millions d’années, pour une jeunesse ! Néanmoins, tout cela reste obscur. La mention antique d’un royaume d’Éthiopie, au sud de l’Égypte, pas plus que la légendaire reine de Saba ne permettent de préciser des contours. On repère un royaume de D’mt vers le Ve siècle avant J.-C. Il faut attendre le développement, au début de notre ère, du royaume d’Aksoum pour commencer à y voir plus clair. Des abords de la cité d’Aksoum, dans le Tigré actuel, il s’étend d’abord en Érythrée puis, ayant acquis un rôle clé dans le grand commerce entre l’Inde et Rome, se déploie tous azimuts. Du 1er au VIe siècle, c’est une puissance. Vers 340, le roi Ezana se convertit au christianisme. Et une littérature en guèze apparaît. Au début du VIIe siècle, certains des premiers disciples de Mahomet, en butte aux attaques de Quraysh polythéistes de La Mecque, s’enfuient et sont reçus par le négus aksoumite Armah. Prélude à des relations mi-figue mi-raisin entre l’Éthiopie et l’islam. Rebattant les cartes, l’expansion de celui-ci est sans doute l’un des éléments qui provoquent la contraction puis la chute du royaume d’Aksoum au Xe siècle.

 

Retour d’une culture païenne, implantation de communautés musulmanes, maintien du christianisme, du VIIe au XIIe siècle, la situation sur les plateaux éthiopiens est marquée par une recomposition complexe. Après peut-être un épisode judaïsant, une dynastie chrétienne prend les manettes, les Zagoué. Sous le sceptre de Gebre Mesqel Lalibela, 1190-1225, le centre du pouvoir est transféré d’Aksoum au Lasta. Ce règne eut une importance notable pour la mise en place de l’idéologie royale – liée aux figures bibliques de Salomon et de la reine de Saba – et le modelage chrétien du pays. La construction des fameuses églises monolithiques est lancée. Il s’agit de doter le royaume de sa Jérusalem, d’une géographie symbolique fédératrice et apte au déploiement des vertus royales : fournir au Salomon abyssin sa terre sainte. En 1270, le pouvoir passe à une nouvelle dynastie, qui réunit dans ses justifications ascendance aksoumite et biblique : les Salomonides (dont le dernier représentant sera Haïlé Sélassié 1er). Le royaume chrétien – Tigré, Amhara, Choa – est alors flanqué du sultanat d’Ifat à l’est et du Damot païen au sud-ouest. Les Salomonides colonisent le Damot. La logistique musulmane étant indispensable au commerce abyssin, on adopte un modus vivendi, qui ménage prérogatives royales chrétiennes et business. Pendant ce temps, les monarchies européennes cherchent à entrer en contact avec le royaume oriental du prêtre Jean.    

 

À la fin du XVe siècle, les Portugais commencent à fréquenter l’Abyssinie. Parmi eux, Pero da Covilha, qui remet au négus Kwestantinos II une lettre de Jean II au prêtre Jean. En 1520, Covilha est rejoint par un aumônier du roi Manuel 1er, Francisco Alvares, lequel, après six ans de séjour retourne à Lisbonne et publie le premier ouvrage européen consacré à l’Éthiopie : Verdadeira Informaçao das Terras do Preste Joao das Indias. Les Portugais conseillent le négus. Les guerres adalo-éthiopiennes menées de 1527 à 1543 par l’émir somali Ahmed ibn Ibrahim Al-Ghazi mettent à l’épreuve l’alliance éthio-portugaise. L’arquebuse est acceptée, le catholicisme repoussé. Néanmoins, après l’échec d’une première tentative, les jésuites envoient en Éthiopie Pedro Paez, missionnaire de génie qui, ayant appris l’amharique et le guèze, s’impose à la cour par ses bonnes manières et son esprit. En 1621, le négus Susenyos se convertit au catholicisme. Paez meurt l’année suivante. Et, en dix ans et une guerre civile, le patriarche latin envoyé par Lisbonne ruine son œuvre : les jésuites et les Portugais sont expulsés par le négus Fasiladas en 1633. La religion éthiopienne est rétablie.

 

En 1635, Fasiladas fonde sa capitale à Gondar. Dans un style indo-éthiopien unique. Le modèle de la cour itinérante qui prévalait jusque là ne paraît plus correspondre aux exigences de l’époque. Centre politique, Gondar sera aussi un générateur culturel essentiel. Dynamique positive, qui dure une centaine d’années. Suit une période de décomposition, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ces péripéties signent l’affaiblissement du pouvoir impérial et la montée en puissance d’une aristocratie particulariste. Dès lors, Gondar est la lice où s’affrontent les champions des factions et des clans. La noblesse fait main basse sur ce qui peut la servir. L’assassinat politique s’épanouit. Les prérogatives ne s’équilibrent plus. La combinazione est reine et le sabre son prince consort. Pourtant les négus Theodoros II, 1855-1868, Yohannes IV, 1872-1889 et Ménélik II, 1889-1913, vont peu à peu rétablir les conditions de l’empire. Aux efforts et prétentions du premier, les Britanniques mettent un terme brutal. Après que Her Most Excellent Majesty s’est alarmée qu’il ait emprisonné de ses sujets, un corps expéditionnaire est envoyé d’Inde, qui bat les Éthiopiens, incendie et pille la forteresse de Magdala, capitale de Theodoros. Le règne de Yohannes IV est marqué par le fracas des armes. L’Égypte, l’Italie, la Grande-Bretagne, sans compter les mahdistes soudanais, s’en prennent à l’Éthiopie. La France achète une partie du littoral occidental du Bab el Mandeb, en pays Afar. Les conflits locaux se compliquent d’impérialisme européen. Sans doute la structure disjointe de l’empire abyssin l’a-t-elle alors servi. Lui permettant de réagir à géométrie variable, sans que la perte d’une partie provoque celle du tout. Les agressions réactivant l’idée d’une communauté de destin. Comme les malheurs se combinent, de 1889 à 1891 une famine tue le tiers des habitants.

 

Lorsque Ménélik II succède à Yohannes, tué à la bataille de Gallabat contre les mahdistes, il est soutenu par les provinces de Gondar, du Godjam, du Tigré et par les Oromos. Afin d’obtenir des fusils modernes, Ménélik cède à l’Italie l’Érythrée et une partie du Tigré. C’est le traité de paix et d’amitié de Wouchalé, 1889. Le diable est dans les détails. Les nuances textuelles en l’occurrence, versions amharique et italienne autorisant des interprétations divergentes. Rome veut le protectorat sur l’Abyssinie. Ce que le négus refuse. En réponse aux tentatives d’intimidations de l’Italie, il dénonce le traité en 1893. La guerre est engagée. Indécise. Il faut une victoire à tout prix au 1er ministre Francesco Crispi. En contexte de compétition coloniale, les affaires sont internationales par la bande : si la Grande-Bretagne et l’Allemagne feignent de regarder ailleurs, la France soutient clairement Ménélik. Lequel a fondé Addis-Abeba et engagé depuis plusieurs années la mise à jour de son empire : accroissement territorial au sud, centralisation, réforme fiscale adaptée à la guerre. Ses armées s’en trouvent mieux mobilisables. Le combat décisif a lieu à Adoua, au Tigré. Le 1er mars 1896. Les Éthiopiens défont les Italiens. Le gouvernement Crispi tombe. Le négus tire de cette victoire décisive des bénéfices essentiels. Tant nationaux qu’internationaux. L’Éthiopie ne sera pas colonisée. Ménélik est réaliste, il signe un traité de paix avec les Italiens, leur abandonne l’Érythrée, s’étend au sud et à l’est. Néanmoins, le pays a besoin d’un débouché maritime. Ce sera le chemin de fer djibouto-éthiopien, qui atteint Dire Dawa en 1912 et Addis-Abeba cinq ans plus tard. Si l’opérateur est français, les intérêts britanniques et italiens y sont engagés par convention. Ménélik meurt en 1913.

 

Lidj Iyassou, le successeur désigné, déplait rapidement à tout le monde. Il est remplacé en 1917 par une fille de l’ancien négus, Zewditou, dont le mandat et l’inclination sont conservateurs. En fait, c’est un tandem représentatif de la situation éthiopienne qui se met en place, car le nouveau successeur désigné, Tafari Mekonnen, entend poursuivre les réformes. Ainsi le pays s’établit-il entre, disons, son clergé et la Société des Nation, où il entre en 1923. Le 2 novembre 1930, le gratin international assiste, à Addis-Abeba, au couronnement de Tafari Mekonnen : negusse negest Haïlé Sélassié 1er. Après la promulgation d’une constitution l’année suivante et à travers contestations et révoltes, la modernisation est menée tambour battant. Cependant, en Italie, Mussolini est arrivé au pouvoir. Et le fascisme est tout à fait propre à réactiver des visées expansionnistes. On provoque un incident de frontière (ces questions ayant été censément réglées en 1928). Que l’on exploite ensuite, en profitant de la couardise des démocraties à l’égard des dictatures et d’une certaine connivence européenne contre un pays résistant. Au passage, la Société des Nations se ridiculise. La guerre italienne est atroce, contre l’armée et la population. Le déséquilibre des équipements considérable. Résultat en partie de l’embargo sur les armes imposé en 1918 par l’Italie, la France et l’Angleterre. Le 12 mai 1936, Haïlé Sélassié dénonce à la tribune de la SdN le sort fait à son pays par l’Italie (et alerte sur la mutation des méthodes de guerre). Peine perdue. Les démocraties ne sont pas disposées à entendre un avertissement abyssin. Sur place, la résistance éthiopienne est acharnée. L’Italie n’a pas la situation en main. En 1939, celle-ci est bloquée.

 

Avec la 2nde Guerre mondiale, la donne change. Les Britanniques entreprennent de sécuriser leurs possessions africaines. Sans en être, l’Éthiopie en est. Haïlé Sélassié, en exil à Bath, engage son autorité. À l’appui des troupes du Commonwealth, la résistance éthiopienne, mais aussi des unités belges du Congo et des Forces françaises libres – la brigade française libre d’Orient, future 1ère DFL, qui s’illustre à Keren, contre des Italiens qui ont forcé l’admiration des Britanniques. Le 6 avril 1941, Addis-Abeba est reprise ; le 5 mai suivant, l’Éthiopie est libérée. Le négus rentre. Après la guerre, l’Éthiopie intègre l’ONU. Plus tard, l’OUA établit son siège à Addis-Abeba. Maintenant, le négus doit assurer seul l’équilibre entre conservatisme – réel – et modernisation – réelle. Il doit aussi situer son pays dans le nouvel ordre international. Ce sera le non-alignement. À l’intérieur, sa politique semble ménager le chèvre et le chou et conduire à l’impuissance. Elle ne répond pas à l’impatience de la jeunesse (nouvelle donnée d’après-guerre). La restitution de l’Ogaden a eu des conséquences délicates à gérer. L’Éthiopie et l’Érythrée sont fédérées depuis 1952 ; en dix ans, les pressions éthiopiennes déséquilibrent le système et conduisent à l’annexion de l’Érythrée. Une guerre d’indépendance commence alors, qui n’aura de terme qu’en 1993. Tentative d’assassinat, putsch militaire, révoltes fiscales, famine, l’horizon s’assombrit. Peu à peu, la situation échappe au négus et à son entourage. L’armée hésite. En avril 1974, un comité militaire, le Derg, est formé. Plus ou moins représentatif, mais opportuniste. Il surfe sur les revendications et s’empare de la plus symbolique : le 12 septembre, Haïlé Sélassié est déposé (et assassiné l’année suivante).

 

Le Derg (dont le lieutenant-colonel Mengistu Haile Mariam devient la figure de proue) concentre rapidement les pouvoirs et compense son impréparation par la brutalité. Autoritaire, dictatorial, il devient soviétique en 1976. Épisode de terreur rouge à la clé. De cela, rébellions et famines – 1979, 84 et 85 – sont les conséquences. L’économie sombre. La volte-face de l’URSS en Ogaden permet une victoire éthiopienne contre la Somalie, 1977-78. Les aspirations populaires sont déçues, la société est malmenée. Front de libération des peuples du Tigré (FLPT), Front populaire de libération de l’Érythrée, Front de libération oromo, les guérillas se multiplient. Les paysans, d’abord intéressés par les réformes, rechignent. La junte perd ses appuis. Jusqu’au plus conséquent d’entre eux, l’Union soviétique, qui fait défaut à la fin des années 80. La coalition Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), dominée par le FLPT, coordonne les opérations militaires contre le régime. Aux abois, Mengistu fuit le pays. Et, le 28 mai 1991, le FDRPE entre à Addis-Abeba.

 

Les années qui suivent, sous la houlette du FDRPE, tanguent un peu, mais tiennent le cap et produisent une constitution en 1994. La vie politique, toujours irritable, trouve un cours plus régulier. La société s’apaise et l’économie se libéralise. Le pays s’ouvre. La question érythréenne trouve une solution, puis les hostilités reprennent en 1998-2000. Les élections législatives de 2005 ont lieu. Ce qui, malgré les irrégularités et les contestations, est un succès. En 2006-08, l’Éthiopie intervient en Somalie, contre l’Union des tribunaux islamiques. À l’intérieur, le Front de libération oromo et le Front national de libération de l’Ogaden s’agitent. Arrivé au pouvoir en 2018, Abiy Ahmed parvient d’abord à calmer le jeu sur un peu tous les fronts (extérieur, intérieur, religieux). La solution érythréenne lui vaut le prix Nobel de la paix en 2019. Hélas, la guerre qui suit au Tigré ternit son image.

Personnalités

Mahmoud Ahmed, né en 1941. C’est le grand bonhomme de l’éthio-jazz ou du groove éthiopien, comme on voudra l’appeler. Un chanteur de légende, qui a accompagné les vicissitudes de l’histoire et donné aux Éthiopiens la bande-son de leur vie. Il a débuté avec l’Imperial Bodyguard Band, c’est dire. En tout cas, respect sur les hauts plateaux comme à l’étranger. 

 

Abebe Bikila, 1932-1973. C’est par Abebe Bikila que les coureurs d’Afrique de l’est ont pris possession de la cendrée internationale. En 1960, à Rome, remportant, pieds nus, le marathon, il est le premier athlète sub-saharien à monter sur la plus haute marche d’un podium olympique. Carrière épique à la clé. L’automobile a tué Bikila. Victime d’un accident, il perd d’abord l’usage de ses jambes, puis meurt d’une hémorragie cérébrale.  

 

Sifan Hassan, née en 1993. Dans la cohorte des athlètes éthiopienne, distinguons celle qui court en oranje. Elle est née à Adama, en Oromia. Réfugiée aux Pays-Bas, elle obtient la nationalité néerlandaise en 2013. Fondeuse, marathonienne, médaillée olympique à répétition, championne du monde et d’Europe. Il y a un style Sifan Hassan, fait d’apparent détachement et d’accélération sans quartier. Une grande dame du tartan.

 

Liya Kebede, née en 1978. Elle a fait la une de Vogue à peu près aussi souvent que Sifan Hassan a remporté l’or. Et défilé pour Chloé, Donna Karan, Gucci, Chanel, Dolce & Gabbana, Carolina Herrera, etc. Posé pour d’autres. Bref, Liya Kebede est un top top. Ambassadrice pour l’Organisation mondiale de la santé, elle préside aussi la Liya Kebede Foundation, attachée au soutien des mères et des enfants en Éthiopie et à travers le monde. 

 

La reine de Saba. La Bible et le Coran l’évoquent. Reine du sud, quelque part entre le Soudan et l’Abyssinie, elle aurait reconnu la sagesse de Salomon (1er Livre des Rois, 2e des Chroniques) et prophétisé le bois de la croix du Christ (Legenda aurea : légende de la Vraie Croix). Elle est aussi un élément-clé de l’idéologie royale éthiopienne. Pour cet aspect, voir Kebra Nagast, XIVe siècle, au premier chef.

 

Zeresenay Alemseged, né en 1969. Il est le paléoanthropologue – Université de Chicago, American Academy of Arts and Sciences, Institut Max-Planck, Académie pontificale des sciences – qui a donné un fils à Lucy : à Hadar, dans la basse vallée de l’Awash, il a découvert Selam, enfant Australopithecus afarensis daté de 3,3 millions d’années.

 

Berhaneyesus Demerew Souraphiel, né en 1948. Ce religieux lazariste, archéparque d’Addis-Abeba, a été créé cardinal par le pape François en 2015. Et dirige désormais le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Il est de ceux par qui passe le renouvellement de la catholicité voulu par le souverain pontife.

 

Sahle-Work Zewde, née en 1950. Formée aux sciences naturelles à Montpellier, elle devient diplomate, puis, de 2018 à 2024, présidente de la République fédérale démocratique d’Éthiopie. Depuis la reine de Saba, en passant par Taytu Betul, épouse de Ménélik II, les femmes comptent dans la politique éthiopienne. Son mandat présidentiel a illustré les possibilités et les limites de la fonction : promotion des femmes, mais silence sur la guerre du Tigré.

 

Birtukan Mideksa, née en 1974. Juriste, elle s’engage en politique avec le Rainbow Party pour la démocratie et la justice sociale. Son parcours d’opposante illustre les remous qui ont agité la vie politique éthiopienne récente : condamnée à la prison à vie après les élections de 2005, libérée en 2007, elle fonde ensuite Unity for Democracy and Justice. Réemprisonnée, elle est défendue par Amnesty International. Libérée en 2010, elle part aux États-Unis. En 2018, Abiy Ahmed lui propose la présidence de la commission électorale. Elle rentre.

 

Sebhat Gebre Egziabher, 1936-2012. Ses Nuits d’Addis-Abeba, 2004, ont été le premier roman amharique traduit en français. Il fut le trublion naturaliste de la littérature éthiopienne moderne. Pendant la période Derg, il est commis, avec d’autres, à la traduction de Marx. L’adoption du communisme par les Éthiopiens n’était alors qu’une vue de l’esprit. Aujourd’hui, Sebhat Gebre Egziabher est un auteur de référence dans son pays.    

 Savoir-vivre

Le pourboire est à l’appréciation des clients. Pour toute personne intervenant dans le cadre des prestations achetées par notre intermédiaire, il ne se substitue jamais à un salaire. Néanmoins, il est d’usage un peu partout dans le monde de verser un pourboire lorsqu’on a été satisfait du service.

En ce qui concerne le personnel local – serveurs, porteurs, etc. – les usages varient. Le mieux est d’aligner votre pourboire sur le prix d’une bière, par exemple, ou d’un thé, d’un paquet de cigarettes. Il vous donne un aperçu du niveau de vie et vous permet, comme vous le faites naturellement chez vous, d’estimer un montant.

 

Horloge éthiopienne : la journée commence non pas à minuit, mais à 6h (heure internationale) ; en conséquence, 1h éthiopienne équivaut à 7h (heure internationale). Etc. Dans les contacts avec les étrangers, les Éthiopiens on en général recours à l’heure internationale, mais pas toujours.

 

À table, on prend traditionnellement les aliments avec la main droite (généralement à l’aide d’un bout d’injera). Lors d’un repas formel, afin de vous honorer, le chef de famille peut porter une bouchée directement à vos lèvres. Ce qui ne saurait se refuser. Il est séant d’essayer un peu de tout (on ne se méfie de rien), mais pas de nettoyer le plat (on ne reste pas sur sa faim).

 

La qat – Catha edulis – est un arbuste dont les feuilles contiennent des alcaloïdes ayant un effet stimulant et psychotrope. On en mastique les feuilles ou on les infuse. C’est une pratique sociale très répandue dans la corme de l’Afrique et au Yémen, où on broute à qui mieux mieux. Le qat est assez la feuille de coca de la mer Rouge. L’Éthiopie en est un producteur et consommateur de premier plan.

Cuisine

L’injera, la galette de tef – céréale Eragrostis tef – est la base, littéralement, de la cuisine éthiopienne. Littéralement, puisque les plats sont en général servis dessus (elle sert en outre à saisir les aliments). Ce couvert à manger est souple, doux avec une pointe acidité, due à une légère fermentation. Une fois cuite, on dispose dessus les diverses préparations qui constituent le repas. Certaines sont végétales, comme les lentilles, les pommes de terre, les haricots verts, les épinards, les fèves, les pois cassés ; d’autre carnées, ainsi doro wot, poulet et œuf, beg wot, agneau, ketfo, viande de bœuf hachée crue (additionnée de mitmita et de beurre clarifié) ou tibs, viande émincée grillée. Dans l’ensemble, ce sont des mijotages. Dans le sud et le sud-ouest, on remplace l’injera par kocho, préparé à partir de la racine fermentée du bananier d’Abyssinie, ensete. Il est fait un usage général de berbere et mitmita, mélanges d’épices, plus ou moins relevés. Et du kebbe, le beurre clarifié. Gorede gorede est un autre plat de bœuf cru. Dulet accommode les abats. Au bord des lacs et des cours d’eau, le poisson est régulier, souvent grillé. En coupant en petits morceaux l’injera de la veille et en la mélangeant à des épices et du kebbe, on peut la manger avec l’injera du jour, c’est le firfir.    

 

La cuisine éthiopienne utilise une belle variété d’ingrédients dans une belle variété de plats, mais n’y a pas de terme amharique pour dessert. De fait, sinon à Dire Dawa, on ne trouve pas de sucreries traditionnelles. La canne à sucre brute, la patate douce et le miel, les fruits sont les sources habituelles de douceur.

 

Le fourneau n’échappant pas au goupillon, l’un des rôles des nombreuses préparations végétariennes est de nourrir les fidèles pendant les jeunes du calendrier orthodoxe. Le porc, le lapin et le canard sont prohibés.

 

Street food : tant pis pour l’exotisme, mais les frites sont l’en-cas n°1 des rues d’Addis-Abeba et d’ailleurs. On peut néanmoins leur adjoindre les pastis, qui sont des beignets, et les samoussas. Et ertib, le burger éthiopien à la pomme de terre (avec oignon, piment et épices). Enfin kolo, mélange de graines grillées, accompagne le café et fournit la première matière du grignotage. Quant au maïs, bekolo, on le consomme sur le pouce pendant la saison des pluies.

Boissons

L’eau du robinet étant impropre à la consommation, on boit de l’eau minérale en bouteille (capsulée).

 

Le café, buna, naturel dans les sylves du sud de l’Éthiopie, est la boisson dont les Éthiopiens sont le plus fiers, un élément capital de leur art de vivre. Pas de bienvenue sans café. La préparation traditionnelle consiste à torréfier les grains verts sur un brasero, puis à les écraser dans un mortier. Ensuite, on les fait infuser dans une cruche, djebenah, d’eau bouillante. On tire d’une torréfaction trois infusions successives. Les grains torréfiés sont souvent présentés pour qu’on les hume. C’est une étape de la consommation. La fumée d’encens s’ajoute souvent à celle du café. Enfin, le breuvage est servi dans de petites tasses. D’ordinaire, sucré (si vous le préférez sans sucre, c’est à signaler). Par ailleurs, la présence italienne a convaincu beaucoup d’Éthiopiens des vertus du percolateur.

 

Le thé est lui aussi très apprécié. Fréquemment additionné d’épices. Voire mélangé à du café, c’est le spris, énergisant. Les jus de fruits sont délicieux (attention néanmoins à l’adjonction d’eau).

 

On trouve de la bière, boisson tout-terrain, comme partout. Néanmoins, la tella est une fermentation traditionnelle, à base de céréales – tef ou orge – et de gesho, nerprun. Une perche portant un gobelet retourné est l’enseigne des comptoirs à tella. Le t’edj est un hydromel d’une quinzaine de degrés. Pour satisfaire les amateurs, il ne doit rien contenir que du miel, du gesho et de l’eau. On sert le t’edj dans un berele, carafon pansu. 

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