Djanet et le tassili n’Ajjer - Le Sahara est de retour

Transfert. Nuit sur une éminence qui donne une jolie vue sur l’oasis. L’hôtel propose une gamme de services nominaux, mais rendus de façon ponctuelle et agréable. Vous voilà donc au pied du tassili n’Ajjer, haut plateau gréseux inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, réserve de biosphère et légende du voyage saharien. L’aventure peut commencer. Dès demain, on dort sous la toile.

On embarque dans le véhicule tout-terrain avec un chauffeur-guide touareg francophone. Et direction la dune de Tikoubaouine, aux abords d’Essendilène. Sur la centaine de kilomètres parcourus, étendues sableuses et blocs rocheux alternent. Certaines de ces formations vous inclinent à songer à une baie d’Halong du désert. A l’arrivée, on dresse le premier campement pour le premier bivouac. Avant le repas et les étoiles, une heure de randonnée permet d’assister au coucher du soleil : une good night au chromatisme flamboyant.

Dans la matinée, on chemine dans un canyon étroit et puis, voilà l’oasis d’Essendilène. Inhabitée désormais. Buissons xérophiles, palmiers et lauriers roses gagnent à leur présence soudaine une qualité particulière. On poursuit vers les gueltas. Les Touaregs sont familiers de ces lieux favorables à eux-mêmes, à leurs dromadaires, leurs ânes, leurs chèvres. La vie du désert passe par là. Après la grande aridité, l’eau et la végétation sont des merveilles (qui expliquent bien des aspects des civilisations que le désert challenge).

Aujourd’hui, entre Dider et Ihrir, visite du site rupestre de Tin Taghirt. Les gravures sont ici de qualité exceptionnelle, souples, tournoyantes, d’un réalisme dynamique étonnant : autruches à la course, antilope sommeillant, buffles aux longues cornes courbes, groupes humains. Le tassili n’Ajjer est un extraordinaire conservatoire de cette virtuosité préhistorique, datée - pour ce qui nous intéresse - de dix à neuf mille ans avant notre ère. On mesure avec un peu de vertige le changement de milieu que ces représentations suggèrent. Bivouac à Ihrir.

Le matin, on gagne le canyon et le village d’Idaren. Celui-ci, avec ses enclos de pierre sèche et les toits de palme de ses huttes, semble issu de la terre-même. En contrebas, des palmiers s’épanouissent au pied de brusques parois. Puis, on part pour le désert d’Afara. Cette fois-ci, c’est à Monument Valley qu’il faut penser. L’érosion a vu les choses en grand et travaillé des reliefs monumentaux. Les regs étendent de vastes champs de caillasse noire. Rien de particulièrement aimable dans ces parages, mais respect instinctif pour cette minéralité radicale.

Ensuite, le sable clair de l’erg Admer, l’un des plus vastes champs dunaires du Sahara, contraste. Peut-être moins dramatique que le reste, mais ample et bien à même de faire pressentir l’impalpable durée géologique dans l’indécision labile de ses formes. Le site néolithique de la vache qui pleure est extraordinaire. Le génie des antiques sculpteurs de bovidés éclate dans la sûreté de trait, dans l’harmonie, dans de subtils effets de stylisation, dans un réalisme élégant. Dernière nuit de bivouac.

Retour à Djanet. La palmeraie de Djanet a une très longue histoire. Touarègue d’abord (et encore). Plus près de nous, au premier XXe siècle, elle intègre l’aventure de la colonisation française du Sahara et des compagnies méharistes. La résistance à cette poussée d’Amoud Ag El Mokhtar, chef touareg Imenân, fait partie de la geste. Avant que Djanet soit désormais le pivot des voyages dans la tassili n’Ajjer. Nuit dans le même hôtel qu’à l’arrivée.