Oman

Radio Voyageurs : 100% Oman

Radio Voyageurs : 100% Oman

Avec Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde, Michel-Yves Labbé, président de l’application Départ Demain, François Gagner, spécialiste du Proche-Orient pour Voyageurs du Monde. Focus sur Oman, l'une des destinations phares de 2019

 

Les questions pratiques

« On part à Oman à partir de début octobre si on aime les fortes chaleurs et au plus tard jusqu’à mi-avril. Après, il commence vraiment à faire trop chaud », conseille François Gagner. Les vols directs ne se font qu’avec Omanair, avec un vol de nuit à l’aller et de jour au retour, donc c’est assez confortable ». Quant à la destination, il la qualifie de « facile, très nature, pour tous les goûts, avec un bon climat ». Il parle aussi de la diversité géographique du pays: « on a un relief montagneux, la mer, des oasis, des déserts, un bel enchaînement de paysages ».

 

Un tourisme qui a mis du temps à démarrer

Même si cela fait plus de vingt que Michel-Yves Labbé promeut Oman comme destination touristique, elle ne l’est devenue depuis peu. « Il faut savoir qu’il n’y pas beaucoup d’hôtels, 360 au total, dévoile Michel-Yves Labbé, soit 20 000 chambres, dont 75% à Mascat, ça ne fait pas beaucoup ». Valérie Expert remarque que la position géographique d’Oman peut aussi faire peur. « Il ne faut pas, Oman c’est la Suisse du Moyen-Orient », révèle Jean-François Rial. Michel-Yves Labbé confirme en rappelant que, par exemple, le Yémen est très loin.

Fmme avec du linge à Oman

Martin Sasse/LAIF-REA

Jean-François Rial est un fou de Moyen-Orient, d’Egypte, de Jordanie, d’Israël mais avoue qu’il a mis du temps avant qu’Oman l’apprivoise : « Je trouvais que c’était un peu trop propre, que ça manquait d’authenticité ». C’est en se baladant dans le désert de Wahiba ou dans le Dhofar qu’il change d’avis : « là c’était vraiment très très beau ». Cependant, il revient sur l’aspect trop « clean » du pays pour lui. Ce qui fait rire et réagir Michel-Yves Labbé : « quelle horreur ! Mon Dieu, c’est trop propre » ! François Gagner enchaîne sur l’héritage architectural, « assez limité surtout si on compare au Yémen. Ce sera plus un voyage nature, villages, palmeraies avec quand même de l’authenticité ». Michel-Yves Labbé revient sur l’aspect propreté et « singapourien » de la police, très sensible à la propreté : « ils avaient mis en plus une police spéciale pour les voitures un peu sales ! Ils les interdisaient dans Mascat » ! Les rires fusent de nouveau quand Jean-François Rial dit que ça va un peu loin : « je n’aime pas les sacs plastiques qui traînent dans les rues mais là quand même »… Valérie Expert ajoute qu’on a des amendes si on jette son mégot dans la rue et qu’on peut aller en prison pour excès de vitesse !

 

Un pays sur et accueillant

La conversation dévie sur les gens. « Il y a toujours des gars, des vieux qui font du stop, avec un poignard ou un fusil. Mais ils sont tous très sympas. C’est un des pays les plus surs du monde, tout le monde prend les auto-stoppeurs et après ils vous invitent chez eux, il faut boire le thé, manger des gâteaux », commente Michel-Yves Labbé. Jean-François Rial évoque la beauté des vieux Omanais. Il ajoute : « il faut aussi savoir qu’ils sont de culture ibadite. Les Ibadites sont une scission des Kharidjites, eux-mêmes une scission des Chiites. Ils ont une pratique musulmane religieuse extrêmement tolérante ». Pour François Gagner, « la culture est devenue surtout sunnite mais il reste un héritage qui fait que la culture omanaise est très accueillante, douce, chaleureuse »…

 

Ce qu’on vient y chercher

« A Oman, on vient pour le côté édulcoré mer et montagne, mais aussi pour l’imaginaire qu’on a de l’Arabie, des oasis, des sites que très peu connaissent mais qui éveillent l’imaginaire et attirent », explique François Gagner, surenchéri par Michel-Yves Labbé qui précise que les Romains appelaient Oman « Felix Arabia, l’Arabie heureuse ». Dès qu’on sort de Mascat, on découvre un pays authentique : « du désert, on passe à des palmeraies, des jardins d’Eden, c’est magnifique », affirme ce dernier. Il évoque ensuite Mascat, l’ancien souk aujourd’hui déplacé : « il y a vingt ans, le souk était extraordinaire, on était dans Rimbaud, aujourd’hui il est climatisé, moins typique mais on peut toujours y acheter des choses intéressantes ». François Gagner en parle aussi comme d’un moyen de découvrir « un mix et l’apport culturel du sous continent indien : plus on s’évade dans les ruelles du souk, plus on découvre l’importance de la culture indienne ». Jean-François Rial mentionne aussi une influence africaine. Michel-Yves Labbé enchaîne sur la tolérance religieuse : « il y avait une importante communauté juive par exemple qui n’a jamais été persécutée et qui s’est expatriée en Israël dans les années 50 ».

Homme qui marche à Oman

Sabino Parente/stock.adobe.com

 

Un format itinérant

« Plutôt que de partir à la journée de son hôtel à Mascat, on privilégie un voyage en trois étapes, explique François Gagner, on peut faire une étape à Mascat, découvrir la ville, les îles au large, profiter des plages de sable blanc de l’archipel de Daymaniyat, et à la journée on peut aller dans les Wadi ». Comme deuxième étape, il suggère le désert avec une nuit sous les étoiles, puis les montagnes en troisième, « là où réside l’authenticité du pays. Les voyages se font sur 8-10 jours. Avec des enfants, on peut zapper la partie montagnes pour avoir un rythme plus détendu ».

 

Zighy Bay et paradis sous-marins

Valérie Expert précise que le Sultanat d’Oman est coupé en deux. Toute petite pointe dans le détroit d’Ormuz, Zighy Bay appartient à Oman mais on y accède par Dubaï ou par Mascat en avion. « Au nord, il y a les fjords, on y fait du snorkelling, on y voit des dauphins. Au sud, on découvre cette magnifique baie où est implanté l’hôtel Six Senses », explique François Gagner. Valérie Expert parle d’une adresse splendide dans un paysage lunaire… « Oman, c’est aussi le paradis de la plongée sous-marine, révèle Michel-Yves Labbé, notamment au sud de la péninsule du Mussandam ». Dans cet endroit magnifique, on trouve des tortues, des dauphins, des requins baleine qui passent de mi-septembre à mi-octobre.

Fonds marins Oman

Jérôme Galland

 

Salalah, les tropiques à Oman

Des fonds marins, les invités de Valérie Expert passent à Salalah, la ville tropicale du Sultanat. « On y va en avion sinon il faut traverser 900 km de désert. C’est surprenant car c’est un endroit tropical à cause de son emplacement en queue de mousson. Tout l’été, il pleut », explique Michel-Yves Labbé avant d’ajouter que la haute saison pour tous les Arabes des environs est donc l’été « car ils adorent la pluie » ! Du coup, le reste de l’année, c’est la haute saison pour les touristes. On peut même y aller depuis Paris avec Qatar Airways via Doha, ou en passant par Dubaï. La conversation évolue vers les pays voisins des Emirats car Voyageurs du Monde propose des combinés. François Gagner conseille Dubaï en premier « car c’est une ville qui a pris de l’avance, certains préféreront Abu Dhabi plus à taille humaine ». Michel-Yves Labbé renforce les propos de François Gagner en parlant des contrastes entre ces villes et Oman toujours essentiellement rural. Il mentionne particulièrement Abu Dhabi et sa verdure grâce à un cheikh passionné d’arbres, sa belle architecture et une belle plage où les tortues pondent. Il conseille plutôt de combiner Oman avec Dubaï pour plus de contraste entre ruralité et ultra-urbanisme. Tous recommandent de prendre des vols intérieurs pour lier les destinations.

 

Un hébergement de luxe dans un pays « qui monte constamment »

La cible d’Oman est le tourisme de luxe. La majorité des hôtels sont des quatre ou des cinq étoiles. François Gagner conseille le Shangri-La, l’Al Bustan Palace et le Chedi à Mascat. « Mais ce sont surtout des hôtels de montagne qui nous recevons des retours élogieux des clients, notamment l’Alila, le préféré de tous, une adresse de charme qui respecte l’architecture locale », explique François Gagner qui mentionne aussi son univers apaisant, de luxe omanais dans un cadre singulier, « une étape idéale pour finir son voyage ». A Mascat, Michel-Yves Labbé et Valérie Expert préfèrent le même hôtel : l’Al Bustan.

Al Baleed Resort Salalah by Anantara - Salalah - Oman

Al Baleed Resort Salalah by Anantara

De plus, Jean-François Rial remarque qu’Oman a une caractéristique rare : « ça fait quinze ans que ce pays monte et ne baisse jamais. C’est un pays qui a un succès fou. Les clients sont toujours contents. Même les problèmes géopolitiques ne l’ont pas empêché de monter ». Il parle aussi d’un très beau pays où il fait toujours beau, où il est facile d’aller en sept heures d’avion, et où le décalage horaire ne s’élève qu’à deux ou trois heures en fonction des périodes. Valérie Expert en profite pour ajouter qu’Oman est aussi une destination où on peut aller très facilement en famille, même avec des enfants très jeunes.

 

La carte postale de Michel-Yves Labbé : l’histoire du sultan Qaboos de Salalah

Pour sa carte postale, Michel-Yves Labbé choisit de raconter l’histoire du sultan actuel, Qaboos, qui a fait d’Oman ce que le pays est aujourd’hui. Né en 1940 à Salalah, issu d’une dynastie qui remonte à  1744, Qaboos a un père difficile… « Il lui interdit d’aller à la plage, de jouer, de parler à ses précepteurs en dehors des cours. Il s’ennuie à mourir. On l’envoie en Angleterre, dans une académie très chic où il se découvre une passion pour le sport équestre et la musique classique », raconte Michel-Yves Labbé. Puis le jeune Qaaboos étudie ensuite à l’académie militaire de Sandhurst, sert pendant un an dans un régiment écossais en Allemagne et entame un tour du monde.

« En 1965, son père le rappelle à Salalah et le maintient en quasi-détention. Un père qui ne fait pas grand chose pour son royaume : c’est la pays le plus pauvre du Moyen-Orient. Le pays tout entier n’a que dix kilomètres de route goudronnée et six écoles ! Une tentative d’assassinat rend le sultan paranoïaque. Il interdit le port de lunettes, de fumer, de jouer au football et de parler à quelqu’un plus de quinze minutes ! Tout sujet apparaissant dans ses rêves est puni », poursuit Michel-Yves Labbé.

Qaboos a gardé des amis britanniques dont l’intérêt est de voir Oman se développer en particulier pour le pétrole. En 1970, Qaboos renverse son père. Il l’expédie au Dorchester à Londres où il mourra deux ans plus tard. Qaboos est au pouvoir. Aidé par les Anglais et les Iraniens, il met fin à une guerre contre le Yémen et démarre ensuite l’exploitation du pétrole, modernise le pays, sans se presser mais avec constance. Il change aussi le nom du pays qui de Sultanat de Mascat et d’Oman devient Sultanat d’Oman, ce qui unifie les deux tribus principales, celle de la côte et celle de l’intérieur. Michel-Yves Labbé décrit le sultan comme « un homme cultivé et d’un grand raffinement, très bel homme, une sorte d’Omar Sharif couronné »… Il crée un orchestre, le Royal Oman Symphonic Orchestra, puis un opéra. Après avoir été marié avec sa cousine, il vit désormais avec un ami anglais. « Tout le monde connaît la proximité de cet homme avec le sultan mais son nom reste secret », précise Michel-Yves Labbé.

Qaboos est l’exemple parfait du despote éclairé. Il crée une constitution tout en gardant la main sur tout. Le suffrage universel est en vigueur, des femmes sont régulièrement élues. « C’est sans doute d’ailleurs le pays arable où les femmes ont le plus de responsabilités », constate Michel-Yves Labbé. D’un pointe vue politique, Oman reste neutre dans les tribulations du Moyen-Orient. « Qaboos est le vieux sage que l’on vient consulter et qui sert de médiateur entre les belligérants. Grâce au sultan, Oman est un point de stabilité dans cette partie du monde », poursuit Michel-Yves Labbé.

Mais le sultan n’est pas immortel. En 1995, il échappe à un accident de la route. Puis en 2014, il a un cancer qu’il soigne en Allemagne. N’ayant ni enfants ni frères, qui lui succédera ? A sa mort, sa famille devra décider de sa succession. Si au bout de trois jours, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, « ce qui risque d’arriver », assure Michel-Yves Labbé, il faudra ouvrir une enveloppe qu’il aura laissée, laquelle contiendra le nom d’un de ses neveux désigné comme successeur. Michel-Yves Labbé conclut : « certains pensent que par une dernière malice, l’enveloppe sera vide. Pour faire encore plus connaissance avec ce brave sultan, séjournez dans son palais d’Oman, l’hôtel Al Bustan, dont le huitième et dernier étage est réservé au sultan. Vous vous sentirez comme chez vous chez Baba Qaboos et vous allez adorer » !

 

Photographie de couverture

PAULINE CHARDIN