Le Corbusier les qualifiait de « plus belle architecture du monde », leurs sommets déchiquetés brillent de blanc le jour et rosissent au crépuscule. Dans le nord de l’Italie, là où les Alpes revêtent des allures de cathédrales minérales, les Dolomites s’étendent entre le Tyrol du Sud, le Trentin et la Vénétie. Les plus beaux villages des Dolomites, parfois perchés, parfois nichés au fond des vallées, invitent à une immersion dans une autre Italie, entre dolce vita et traditions alpines.
Trente
Avec ses façades peintes, ses palais du XVe siècle et ses loggias, Trente évoque d’abord un décor de théâtre. C’est ici, dans la cathédrale San Viligio, sur la Piazza Duomo, qu’eut lieu le célèbre Concile de Trente – évènement fondateur de la Contre-Réforme catholique. À quelques pas, le château du Buonconsiglio témoigne de la puissance passée des prince-évêques. Pourtant, Trente n’est pas qu’un musée à ciel ouvert ou une ville d’histoire. C’est aussi une cité vivante portée par une population jeune : son université, l’une des plus dynamiques du pays, attire chaque année des milliers d’étudiants, italiens et étrangers, qui insufflent à la ville une atmosphère cosmopolite. Ici, on flâne, on prend un café à la terrasse d’un palazzo Renaissance en lisant La Repubblica, on discute avec les jeunes attablés à côté. Dans les rues étroites, autour de la via Verdi et de la piazza Fiera, on va de concerts improvisés en espaces alternatifs. Nichée dans la vallée de l’Adige, Trente est la porte d’entrée idéale vers les Dolomites : en moins d’une heure de route, on accède aux lacs d’altitude et aux forêts profondes.
Grigorii Shcheglov/Unsplash.com
Bolzano
Bolzano, capitale du Haut-Adige, est un carrefour entre deux mondes. Entre Italie du Sud et monde germanique, la ville surprend : les panneaux bilingues, les conversations mêlant italien et allemand, l’architecture entre maisons tyroliennes et façades de la Belle Époque. Tout reflète une identité double. Le cœur de la ville bat autour de la piazza Walther, dominée par la cathédrale gothique et bordée de terrasses, où l’on aime se poser, pour un café ou un Spritz face aux montagnes. Un peu plus loin, les étals débordent de fromages et charcuteries sous les arcades médiévales. La ville est tournée vers la nature, cernée de vignes en terrasses et de sommets escarpés ; on s’en échappe en quelques pas pour rejoindre les sentiers de randonnée.
Noah Di Gesu/Unsplash.com
Ortisei
Avec ses ruelles piétonnes, ses cafés boisés à l’atmosphère feutrée et ses balcons fleuris de géraniums, Ortisei, niché dans le Val Gardena, est l’un des villages les plus emblématiques de la région. Centre culturel du val, Ortisei est aussi connu pour son artisanat. On y est invité à visiter les ateliers des sculpteurs sur bois, où l'on découvre des figurines religieuses et des scènes pastorales taillées à la main, perpétuant un savoir-faire séculaire. C’est aussi la porte d’entrée vers les sommets : en quelques minutes de téléphérique, on atteint l’Alpe di Siusi, le plus grand alpage d’Europe, d’où partent des sentiers de randonnée et de VTT spectaculaires.
Tomas Trajan/Unsplash.com
Castelrotto
À quelques kilomètres d’Ortisei pointe le village de Castelrotto, dont l’imposant clocher est l’un des plus hauts du Tyrol du Sud. Ici, tout semble avoir été disposé avec soin : les toits, les fleurs, les fermes aux volets rouges, les troupeaux de vaches en liberté, les traditions. Les habitants parlent souvent trois langues : l’italien, l’allemand et le ladin. L’idiome n’est plus utilisé que par quelques milliers de locuteurs, dont les ancêtres ont cultivé ces régions de montagne dès l’époque romaine – un héritage préservé avec fierté. À partir des collines environnantes, égayées de fleurs sauvages, on peut randonner le long de sentiers qui offrent des vues grandioses sur les pics de Sciliar et Sassolungo.
Getty Images
San Candido
Loin du tumulte des grandes stations, San Candido est un village plein de charme dans le Val Pusteria, non loin de la frontière autrichienne : ruelles pavées, maisons pastel, collégiale... Ici, pas de foule ni d’ostentation : on aime son atmosphère paisible, l’accueil chaleureux de ses habitants et les traditions vivantes. Le village est aux portes du Parco Naturale Tre Cime, véritable paradis pour les randonneurs. L’été, les sentiers serpentent à travers forêts, prairies fleuries et crêtes panoramiques. L’hiver, la vallée se couvre de neige et propose ski alpin, ski de fond, raquettes et balades en traîneau.
Adobe Stock
Merano
Nichée au cœur d’un amphithéâtre de montagnes, Merano est une petite ville à la langueur toute méditerranéenne, entre palmiers, jardins luxuriants et architecture Belle Époque. Villégiature prisée depuis le XIXe siècle – l’impératrice Sissi aimait y venir prendre les eaux –, on apprécie aujourd’hui encore son élégance aristocratique et sa douceur de vivre. Le long du Passirio, la rivière qui traverse la ville, s’étirent des promenades aux allures de Riviera alpine. Les établissements thermaux contemporains sont cernés d’un vaste jardin de lauriers-roses et de cyprès, orné de bassins aux nénuphars. La ville cultive son identité biculturelle, entre Italie du Nord et Europe centrale. On y parle allemand et italien, et les assiettes mêlent speck et fromages d’alpage, tagliatelles aux truffes et strudels.
Adobe Stock
Cortina d'Ampezzo
Cerné par les sommets vertigineux des Dolomites, Cortina d’Ampezzo incarne le luxe à 1200 mètres d’altitude. Sa réputation internationale date de 1956, lorsqu’elle fut l’hôte des Jeux Olympiques d’hiver. Depuis, elle est la station star des Alpes italiennes : ici, l’aventure alpine se pare d’une sophistication rare, entre design contemporain et gastronomie étoilée. Son architecture mêle chalets alpins et villas élégantes. Mais la reine des Dolomites ne serait pas ce qu’elle est sans son mythique Corso Italia, l’artère piétonne où s’exhibent les hôtes élégants. Flâner ici relève du rituel : vitrines de mode italienne, galeries d’art et bijouteries se succèdent. Cortina déploie un domaine skiable spectaculaire, relié à celui des Dolomiti Superski. En hiver, ses pistes attirent les skieurs du monde entier : avec plus de 120 km de pistes et des descentes mythiques, la station offre un terrain de jeu à la hauteur des sportifs les plus exigeants.
Faustine Poidevin
Lac de Braies et lac de Cerezza
À 1496 mètres d’altitude, le lac de Braies est un lac glaciaire dominé de falaises abruptes. D’une beauté presque irréelle, il est surnommé « le miroir d’émeraude ». Tout autour de ses eaux à la couleur hypnotisante se dressent des forêts de conifères. Le petit embarcadère de bois et les barques anciennes alignées sur l’eau ajoutent à son charme : on se croirait au Canada ! Le lac de Carezza figure aussi parmi les plus beaux de la région. Miroir d’eau aux reflets changeants, il est surnommé « le lac arc-en-ciel ». Cerné de forêts de sapins, il est l’un des sites naturels les plus emblématiques de toute la région.
Kristen Frank/Unsplash.com
Santa Maddalena, Val di Funes
Un village minuscule, un paysage immense. Une localité agricole, préservée, où le temps semble suspendu – à peine quelques maisons regroupées autour d’une église au clocher pointu – et des prairies en pente douce, des forêts profondes, avec en toile de fond les aiguilles déchiquetées du massif des Odle. La petite église de Santa Maddalena devant les cimes acérées des Odle constitue aussi une des images emblématiques des Dolomites.
Robert Hrovat/Unsplash.com
Par
MARION OSMONT
Photographie de couverture : Stefan Oury/Unsplash